Un patient de 50 ans consulte pour une visite de routine. À la poignée de main de bienvenue, l’aspect piqueté de ses ongles interpelle.
Dans ses antécédents, on note un alcoolo-tabagisme actif, une dyslipidémie non traitée et une lombalgie chronique. Il ne prend pas de traitement et son contexte de vie est stable. Les lésions unguéales sont apparues six mois auparavant et touchent également l’ongle nouvellement renouvelé (figure).
Il n’a aucune autre plainte. L’examen dermatologique ne retrouve pas d’autres particularités. Il s’agit ici d’un psoriasis unguéal isolé.

Le psoriasis est une dermatose érythémato-squameuse qui concerne 2 % de la population. Il peut atteindre -l’ensemble du revêtement cutané même s’il prédomine au niveau des coudes et genoux, de la région lombosacrée, du siège, des paumes et plantes des pieds, du bord cubital des avant-bras et des cuisses. Le visage est généralement épargné. Certaines atteintes sont davantage en faveur d’une forme sévère -associée au rhumatisme psoriasique, comme celle du cuir chevelu, des ongles ou du sillon interfessier.

L’atteinte unguéale peut prendre plusieurs formes : -dépression ponctuée, trachyonychie (ongle rugueux, décoloré, de surface hétérogène, avec des stries longitudinales et des fissures), leuconychie (ongle blanc), taches d’huile de Milian (aspect de taches d’huile sous-unguéales), hématomes filiformes. On estime que 90 % des patients suivis pour -psoriasis déclarent un jour une atteinte unguéale. Le dés-agrément esthétique est la principale plainte ; cependant, plus de la moitié des patients déclarent une augmentation de la sensibilité à la pression, causant une gêne fonctionnelle importante.

Le principal diagnostic différentiel est l’onychomycose. En cas de doute, la réalisation d’un prélèvement mycologique et/ou d’une biopsie permet de faciliter le diagnostic, même si une atteinte mixte est possible.

Sur le plan physiopathologique, l’atteinte unguéale est souvent la conséquence d’une atteinte rhumatismale par -inflammation des enthèses du doigt (tendon de l’extenseur et des ligaments latéraux) provoquant une libération de cytokines, une synovite et une atteinte secondaire de l’ongle par contiguïté. Il convient donc de rechercher systématiquement une atteinte de l’articulation interphalangienne distale par un examen clinique minutieux pouvant être complété par un bilan radiologique. 

Le traitement de l’onychopathie psoriasique ne repose pas sur un schéma thérapeutique standardisé. En cas de psoriasis cutané ou d’atteinte rhumatismale sévère, l’atteinte unguéale ne prédomine pas dans la décision thérapeutique. Le panel de traitements est vaste et il convient de proposer, selon la gravité, l’application d’émollients, de dermocorticoïdes de grade IV, voire des injections locales de corticoïdes (intra-matricielles, dans le lit de l’ongle) ou des traitements systémiques ainsi que des biothérapies. La décision de traitement est prise conjointement avec le dermatologue. 

Pour en savoir plus
Chastanier M, Villani A, Jullien D. Psoriasis - Maladie chronique invalidante, mais non sans solutions. Rev Prat Med Gen 2022;36(1072):507-11.

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