Un homme de 72 ans suivi pour un mélanome du flanc gauche, opéré en 2022, a depuis plusieurs années ces lésions érythémateuses des plis.
Quel est votre diagnostic ?
La dermatophytose est une infection fongique de la peau glabre (champignons filamenteux), favorisée par l’immunodépression, l’obésité, le diabète, l’âge avancé, l’humidité ou hyperhidrose, la présence d’animaux domestiques, objets ou surfaces contaminés. Il existe plusieurs espèces de dermatophytes : anthropophiles, zoophiles ou telluriques (plus rares). Les lésions sont généralement localisées aux grands plis (forme classique la plus fréquente) avec des plaques arrondies, bien limitées, une bordure active polycyclique, d’évolution centrifuge avec un aspect de guérison centrale. Les plaques sont souvent confluentes. Le diagnostic est clinique, mais des prélèvements locaux pour analyse mycologique sont possibles. Le traitement dépend de l’étendue des lésions et du terrain : antifongiques locaux ou généraux.
L’acanthosis nigricans est caractérisée par un épaississement et un assombrissement de la peau, principalement au niveau des plis (aisselles, cou, aine). La peau affectée devient veloutée et peut parfois être légèrement rugueuse. Cette condition est souvent associée à une résistance à l’insuline, notamment dans le cadre du diabète de type 2 ou du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), mais elle peut aussi être liée à l’obésité, à des troubles hormonaux ou, plus rarement, à certains cancers (forme paranéoplasique). Son diagnostic est clinique et repose sur l’identification des lésions typiques. La prise en charge vise à traiter la cause sous-jacente, notamment en améliorant la sensibilité à l’insuline par des mesures hygiénodiététiques ou un traitement adapté du diabète. Des soins topiques (kératolytiques, rétinoïdes) peuvent être proposés pour atténuer l’aspect cutané, mais ils sont souvent décevants.
Le syndrome babouin est une forme rare de toxidermie, réaction cutanée d’origine médicamenteuse. Il se caractérise par une éruption symétrique rouge et parfois œdémateuse touchant les fesses, les faces internes des cuisses et parfois les aisselles, évoquant la coloration du postérieur des babouins, d’où son nom. Ce syndrome est généralement déclenché par une exposition à un allergène, notamment des médicaments (antibiotiques comme les bêtalactamines, AINS), par le biais d’un mécanisme d’hypersensibilité retardée. Le diagnostic repose sur l’histoire clinique et la recherche d’un médicament inducteur ; des tests allergologiques peuvent être réalisés. Le traitement consiste à éviter l’agent responsable et à soulager les symptômes à l’aide de corticoïdes topiques voire des antihistaminiques en cas de prurit.
La maladie de Hailey-Hailey, ou pemphigus bénin familial chronique, est une affection génétique rare de la peau causée par une mutation du gène ATP2C1, responsable de l’adhésion des kératinocytes. Elle se manifeste par des poussées récurrentes de lésions érosives et creusantes à type de rhagades, principalement situées dans les plis cutanés (aisselles, aine, cou, sous-mammaire), évoquant parfois une infection fongique ou un intertrigo. La maladie évolue par épisodes, aggravés par la chaleur, la transpiration ou les frottements. Le diagnostic repose sur l’examen clinique et une biopsie cutanée qui révèle une acantholyse caractéristique. Le traitement dermocorticoïde permet de limiter les poussées ; dans les cas sévères, certains traitements systémiques peuvent être prescrits. Les mesures préventives, notamment la lutte contre l’hyperhidrose et les frottements, aident à limiter les récidives.
Le psoriasis inversé est une forme de psoriasis de localisation « inversée ». Les localisations habituelles (faces d’extension des membres, coudes, genoux, nombril) ne sont donc pas prédominantes dans cette forme, mais l’atteinte se concentre sur les plis, avec des plaques érythémateuses vernissées, peu squameuses. En fonction de l’étendue, un traitement local peut être proposé (dermocorticoïdes en crèmes ou lotion) ; les analogues de la vitamine D, seuls ou en association, sont à éviter en raison de leur forte pénétration à travers la peau des plis, avec un risque d’effets indésirables systémiques (hypercalcémie). En cas d’atteinte sévère et invalidante, on propose les mêmes traitements systémiques que dans le psoriasis en plaques.
Plus d’infos sur https://dermagic.fr, le site d’aide à la pratique de la dermatologie réservé aux professionnels de santé.
 
Par le Dr Maud Pellant, interne en dermatologie au CH de Quimper, le Dr Anne-Laure Messagier PH au CH de Quimper, et le Dr Claire Jacquin-Porretaz, dermatologue libérale.

Exercez-vous aux ECN avec les dossiers progressifs et les LCA de La Revue du Praticien