Qui sont ces patients qui se mettent au régime « sans gluten » ? Quelles sont leurs motivations ? Les médecins ne seraient au courant du régime alimentaire de leur patient que dans 50 % des cas. Les céréales génératrices de gluten sont une source de protéines, de vitamines du groupe B, de fibres, de minéraux (magnésium, phosphore, potassium) et de micronutriments (zinc, fer). Suivre un régime sans gluten, c’est donc s’exposer à un risque de carence si les besoins ne sont pas couverts par d’autres sources. Enfin, pour les individus qui décident d’eux-mêmes de suivre un régime sans gluten, notamment en raison de symptômes digestifs, le risque essentiel est de méconnaître une authentique maladie cœliaque qui nécessite un régime d’éviction strict (y compris les traces) et un suivi médical spécifique.

La Journée mondiale de la maladie cœliaque, le 15 mai, est l’occasion de refaire le point sur cette pathologie.

 

Le régime sans gluten est le seul traitement efficace existant actuellement pour la maladie cœliaque (ou intolérance au gluten) et l’allergie au blé. Une troisième indication récente, mais encore controversée dans la communauté médicale et scientifique, est l’(hyper)sensibilité au gluten non cœliaque, caractérisée par des symptômes digestifs et extradigestifs favorisés par la consommation d’aliments contenant du gluten et disparaissant à leur exclusion. À ce jour, aucune preuve de l’efficacité du régime sans gluten n’est démontrée pour d’autres pathologies (polyarthrite, fibromyalgie, autisme…) ou dans un but non médical (bien-être physique et psychique, performances sportives, perte de poids…).

D’après les résultats du baromètre réalisé par Because Gus, le média des sans gluten développé avec le soutien du Secteur diététique adulte et de l’Association française des intolérants au gluten (AFDIAG), 24 % de la population interrogée se dit concernée par le régime sans gluten : 8 % d’entre eux mangent sans gluten et 16 % ont un proche concerné. La majorité d’entre eux (94 %) disent faire ce régime par contrainte : 45 % auraient une hypersensibilité non cœliaque, 19 % cherchent à soulager une autre maladie auto-immune ou digestive, 13 % seraient de vrais intolérants au gluten, 10 % auraient une allergie au blé, et 7 % arrêteraient le gluten pour manger comme un membre du foyer afin de limiter les contaminations croisées et traces possibles de gluten. Seuls 6% des personnes interrogées adopteraient ce régime par mode, ou sans raison médicale

Fait plus alarmant, moins d’un patient ayant une maladie cœliaque sur 2 se fait rembourser ses produits par la Sécurité sociale (les produits sans gluten sont remboursés pour ces patients qui ont une ALD). En 2019, ils n’étaient que 35 %. Pourtant 43 % d’entre eux ne connaissent pas ce dispositif et n’en n’ont jamais fait la demande. 

Depuis le début de l’année 2020, un nouveau système a été mis en place pour faciliter les démarches de remboursement. Une fonctionnalité de l’application Ameli permet désormais aux patients de transmettre leur demande en quelques clics sur smartphone ou tablette. Il reste important de conserver code-barres et preuves d’achat, car des contrôles peuvent être effectués.

Aborder systématiquement la question des régimes alimentaires en consultation devient-il une nécessité ?

 

Alexandra Karsenty, La Revue du Praticien

 

Ce que La Revue du Praticien a publié à ce sujet :

Les régimes alimentaires « à la mode » peuvent-ils être dangereux ?

Maladie coeliaque

Pathologies liées au gluten

Q 179 – Focus. Alimentation sans gluten

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