S’il est recommandé de pratiquer au moins 30 minutes d’activité physique minimum 5 fois par semaine, il est difficile pour une grande partie de la population de suivre ces consignes. Mais concentrer l’activité physique sur 2 jours a-t-il les mêmes bénéfices ? La première étude évaluant cette question avec des mesures objectives est parue dans le JAHA.

Pour les adultes, au moins 150 minutes hebdomadaires d’activité physique (AP) d’endurance d’intensité modérée à soutenue sont actuellement recommandées par l’OMS en prévention de diverses pathologies chroniques (cardiovasculaires, métaboliques, cancers…). En France, le PNNS recommande de pratiquer l’équivalent d’au moins 30 minutes d’activité physique dynamique par jour (comme la marche rapide) au minimum 5 fois par semaine.

Toutefois, une grande partie de la population n’atteint pas ces niveaux : plus d’un quart des hommes et plus de 40 % des femmes, selon le Baromètre santé 2021. Intégrer une activité physique aux emplois du temps chargés de tous les jours peut en effet s’avérer difficile. Mais qu’en est-il lorsque l’activité, faute d’être réalisée quotidiennement, est exclusivement concentrée sur le week-end ?

Les éventuelles différences entre les bénéfices d’une AP quotidienne ou concentrée sur 1 à 2 jours par semaine ont fait l’objet de plusieurs études. Certaines suggèrent une équivalence, d’autres penchent pour une supériorité de l’activité régulière – notamment eu égard à la mortalité toutes causes. Néanmoins, ces travaux sont fondés sur des données déclaratives, ce qui limite la portée des conclusions ; une étude publiée en 2019 utilisait des données objectives grâce à l’utilisation d’accéléromètres, mais avec une cohorte de taille limitée (3 400 personnes).

Pour la première fois, une vaste étude de cohorte avec des données objectives d’AP vient étayer l’idée qu’une concentration de l’exercice sur peu de jours confère des bénéfices similaires à sa pratique régulière, à la fois sur la mortalité, les pathologies cardiovasculaires et les cancers. Leurs résultats ont été publiés dans le Journal of the American Heart Association .

Les deux schémas d’activité physique seraient équivalents

Les chercheurs ont utilisé les données de 93 409 participants appartenant à la cohorte nationale UK Biobank (âge moyen : 62 ans ; 56 % de femmes). Pour ces personnes, les niveaux d’AP sur une semaine entière étaient enregistrés à l’aide d’un accéléromètre au niveau du poignet. À partir de ces données recueillies entre 2013 et 2015, trois profils ont été déterminés : personnes physiquement inactives – c’est-à-dire n’atteignant pas les recommandations de l’OMS –, personnes physiquement actives (atteignant ou dépassant les recos) qui concentraient la moitié ou plus de leur AP sur 1 à 2 jours par semaine (dits « weekend warriors  »), et enfin personnes physiquement actives pratiquant un exercice physique au moins 3 jours par semaine.

Pendant un suivi de 8 ans (durée médiane), 3 965 participants sont décédés (toutes causes confondues), dont 667 de pathologies cardiovasculaires et 1 780 de cancer. Ainsi, les taux de mortalité toutes causes, cardiovasculaires et par cancer ont été comparés entre les trois groupes. Les résultats ont été contrôlés pour des facteurs confondants tels que l’âge, le sexe, l’IMC, le niveau d’éducation et la consommation d’alcool et tabac ; enfin, les personnes ayant, à l’inclusion, une pathologie CV (N = 3 700) ont été exclues de l’analyse sur la mortalité CV et celles ayant un cancer de l’analyse de la mortalité par cancer (N = 6 887).

Par rapport aux personnes physiquement inactives, les deux groupes de personnes atteignant les recos d’AP avaient un moindre risque de mortalité :

  • pour la mortalité toutes causes : les « guerriers du week-end » avaient un risque diminué de 32 % (HR = 0,68 ; IC 95 % : 0,64 à 0,74), tandis que pour les personnes ayant une AP plus régulière, la diminution était de 26 % (HR = 0,74 ; IC 95 % : 0,68 à 0,81) ;
  • pour la mortalité cardiovasculaire, les diminutions du risque étaient respectivement de 31 % et 24 % (HR = 0,69 avec IC 95 % : 0,58 à 0,83 ; et HR = 0,76 avec IC 95 % : 0,61 à 0,94) ;
  • enfin, pour la mortalité par cancer, elles étaient respectivement de 21 % et 13 % (HR = 0,79 avec IC 95 % : 0,71 à 0,89 ; et HR = 0,87 avec IC 95 % : 0,76 à 0,99).

La comparaison entre les deux groupes « actifs » n’a pas montré de différence significative, quel que soit le type de mortalité considérée : HR = 0,93 pour la mortalité toutes causes, 0,92 pour la mortalité CV et 0,91 pour celle par cancer.

Malgré certaines limites, notamment le fait que les niveaux et schémas d’AP n’ont été mesurés qu’une fois à l’inclusion, ces résultats suggèrent que les bénéfices sur la santé d’une activité physique concentrée sur 1 à 2 jours par semaine sont équivalents à ceux d’une activité pratiquée plus régulièrement – une bonne nouvelle pour les personnes qui n’ont pas le temps d’inclure ces activités dans l’emploi du temps de la semaine…

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