Le diagnostic d’endométriose n’est pas aisé : d’une part, les symptômes sont peu spécifiques, d’autres part l’imagerie n’est pas toujours concluante, surtout lorsque les lésions sont superficielles ou minimes. D’où un retard diagnostic important.
Le test salivaire Endotest, qui repose sur une signature de 109 miARNs, est pris en charge en France depuis février 2025 dans le cadre d’un « forfait innovation », en 2e ligne chez certaines patientes. Il aurait une sensibilité de 96,7 %, une spécificité de 100 %, mais des données à plus large échelle sont attendues en vue d’une future évaluation pour une prise en charge de droit commun.
C’est ce que pourraient permettre les résultats de l’étude de validation externe ENDOmiRNA, parus le 28 octobre 2025 dans le NEJM Evidence. L’objectif d’ENDOmiRNA était d’évaluer la précision diagnostique, valider la reproductibilité biologique et examiner l’utilité clinique de l’Endotest dans des conditions réelles, par comparaison prospective avec les examens d’imagerie usuels.
Une étude multicentrique
L’étude a inclus des patientes de 18 à 43 ans ayant des signes et symptômes évocateurs d’endométriose, recrutées dans 17 centres spécialisés dont 9 hôpitaux universitaires, 5 hôpitaux généraux et cliniques, 2 centres d’imagerie médicale et 1 cabinet de gynécologie.
Pami les 971 participantes, 77 % (N = 749) ont eu un diagnostic d’endométriose par imagerie, par laparoscopie ou les deux (groupe endométriose) ; les 23 % (N = 222) avec un diagnostic négatif d’endométriose ont été classées comme témoins (et ont toutes subi une laparoscopie). L’évaluation du statut d’endométriose basée sur le test salivaire a été réalisée à l’aveugle, sans connaissance du statut réel des patientes, déterminé par imagerie et/ou laparoscopie et/ou histologie.
Un test reproductible
La signature salivaire des miARN a montré :
- une précision (définie comme la probabilité de classification correcte pour les résultats positifs et négatifs) de 96,6 % (intervalle de confiance [IC] à 95 % : 95,2 à 97,6 %) ;
- une sensibilité de 97,3 % (IC 95 % : 96,4 - 98,0 %) ;
- une spécificité de 94,1 % (IC 95 % : 91,0 - 96,4 %) ;
- une valeur prédictive positive de 98,2 % (IC 95 % : 97,3 - 98,9 %), une valeur prédictive négative de 91,3 % (IC 95 % :88,3 - 93,4 %).
La quantification des micro-ARN n’a pas montré de différence selon les facteurs géographiques (centres de prélèvement) et temporels (délais d’acheminement des échantillons), ni selon les facteurs démographiques et médicaux (âge, stade de l’endométriose, etc.).
L’utilité clinique d’Endotest a été évaluée en comparant sa précision à celle des examens d’imagerie, parmi les 591 patientes ayant eu une confirmation ou une infirmation chirurgicale du diagnostic d’endométriose. Les taux de mauvaise classification, sous-estimation et surestimation du stade d’endométriose étaient respectivement de 4,6 %, 2,4 % et 2,2 % pour le test salivaire, contre 27,2 %, 15,1 % et 12,2 % pour l’imagerie (échographie transvaginale, imagerie par résonance magnétique, ou les deux).
Les performances du test ne semblent pas influencées par l’âge, les traitements hormonaux ou les traitements antalgiques.
Ainsi, les résultats suggèrent une reproductibilité et une stabilité du dosage et du séquençage des miARN. Outre le fait que ce test soit non invasif, il est associé à moins d’erreurs de classification que l’imagerie, concluent les auteurs.
Des résultats à confirmer
Cet essai présente néanmoins certaines limites méthodologiques.
La prévalence élevée de l’endométriose (77 %) dans la population étudiée – nettement supérieure à celle observée en population générale – s’explique par le recrutement de patientes symptomatiques dans des centres experts. Cette surreprésentation peut influencer les valeurs prédictives positive (VPP) et négative (VPN) du test, bien que la sensibilité et la spécificité, en tant que caractéristiques intrinsèques, n’en soient pas affectées.
Par ailleurs, les résultats ne peuvent pas être extrapolés à la population adolescente. Pour cette tranche d’âge, les résultats d’une étude spécifique sont attendus.
Enfin, l’étude EndoBest est en cours, pour évaluer l’impact de ce test sur les décisions cliniques et leur pertinence en pratique réelle. Ses conclusions seront déterminantes pour une éventuelle généralisation du remboursement de ce test innovant.
Pour en savoir plus :
Martin Agudelo L. Test salivaire de l’endométriose : enfin disponible en France. Rev Prat (en ligne) 14 février 2025.
Descamps P. Interest of Salivary Signature of Endometriosis in the Heathcare Pathway of Adolescent (ADOmiARN). ClinicalTrials.gov 10 avril 2024.