Le vapotage – qui concerne 7,3 % des 18 - 75 ans en 2022, vs 3,8 % en 2017 – et le vapotage quotidien (5,5 % en 2022, vs 2,7 % en 2017) sont en progression significative chez l’adulte selon le baromètre de Santé publique France. Les adolescents de 17 ans ont également davantage expérimenté et utilisé l’e-cigarette en 2022 qu’en 2017, selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). Face à cette hausse de la consommation, en regard du manque de données sur la cigarette électronique (CE) et vu l’évolution très rapide des connaissances sur ses risques, une tabacologue et un médecin généraliste et tabacologue ont mené une revue systématique afin de « faire le point sur les connaissances acquises dernièrement sur les effets indésirables bronchopulmonaires, cardiovasculaires et les risques de survenue de cancer à l’usage de la CE ».
Pour ce faire, les deux auteurs ont cherché sur la base de données bibliographiques PubMed des articles parus entre 2018 et octobre 2023. Les 28 publications sélectionnées devaient être des revues systématiques d’études in vitro ou in vivo, concernant les risques de la CE sur les appareils bronchopulmonaire et cardiovasculaire, ainsi que sur la survenue de cancer. L’analyse de ces études est parue en décembre dans la Revue des maladies respiratoires (la publication de la Société de pneumologie de langue française) sous la forme d’une revue systématique. Pour les auteurs, il se dégage des publications sélectionnées que « les substances toxiques générées par les CE peuvent provoquer des cancers et augmenter le risque de problèmes cardiaques et pulmonaires » .
Plus précisément, les « preuves concluantes » d’effets indésirables chez l’homme regroupent « la survenue de pneumopathie en cas de mésusage de la CE », « un effet immédiat d’augmentation des résistances bronchiques lors de la prise aiguë de CE », ou encore « une variation de la fréquence cardiaque et de la PA observée avec vapotage avec nicotine après une période d’abstinence nicotinique de quelques heures ». Au sujet du risque de cancer, les auteurs indiquent que « quatre des revues systématiques ayant cherché la présence de molécules potentiellement cancérogènes dans la vapeur des CE et/ou chez les vapoteurs ont toutes retrouvé de telles molécules ». Ils précisent cependant qu’à leur connaissance, « aucune étude n’a mis en évidence un excès de cancer en lien avec l’utilisation de la CE ». Ainsi, les données sont encore assez limitées in vivo.
Enfin, in vitro, les études indiquent notamment que « des molécules potentiellement nocives pour la fonction bronchopulmonaire et pour la fonction cardiovasculaire ont été mises en évidence dans la vapeur des CE et chez les vapoteurs ». Face à ce manque de données, notamment sur les effets à long terme, les auteurs concluent qu’il est urgent de mener de nouvelles études sur la potentielle dangerosité de l’usage de la CE.
Mallordy F. Le vapotage est responsable d’asthme et de bronchite chronique, Rev Prat 2024;74(5);496.
Peiffer G, Underner M, Perriot J. Tabac et adolescents. Rev PratMed Gen 2023;37(1080);413-5.