Deux études à large échelle parues dans le JAMA Network Open révèlent une association entre la prise d’aGLP- 1 et des complications ophtalmiques rares chez les patients atteints de diabète de type 2 (NAION, affections du nerf optique et rétinopathie diabétique). Quel impact sur la pratique ?

La première étude1 a analysé de manière rétrospective les dossiers médicaux de 1 511 637 patients issus d’une base de données américaine entre décembre 2017 et janvier 2023. Une cohorte de 159 398 patients atteints de diabète de type 2 sans pathologie ophtalmique préexistante a été répartie équitablement (N = 79 699 dans chaque groupe) dans un groupe traité par aGLP1 (sémaglutide, tirzépatide ou autres) et un groupe témoin (sous d’autres antidiabétiques). Le critère de jugement principal était le 1er diagnostic d’une neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NAION) et d’autres affections du nerf optique pendant un suivi de 2 ans. Ces variables ont été analysées avec le modèle de régression aléatoire proportionnelle de Cox et la méthode de Kaplan-Meier (probabilité de survie).

À l’issue du suivi, 0,04 % (N = 35) des cas avaient une NAION contre 0,02 % (N = 19) chez les contrôles (hazard ratio (HR) = 1,76 ; 95 % CI, 1,01 - 3,07). En tout, 0,12 % (N = 93) des patients avaient d’autres affections du nerf optique contre 54 (0,07 %) chez les contrôles (HR = 1,65 ; 95 % CI, 1,18 - 2,31), soit un surrisque significatif de NAION et d’autres affections du nerf optique chez les patients ayant pris des aGLP- 1. Des résultats cohérents avec la littérature récente, qui a poussé le Comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne des médicaments (EMA) à ajouter la NOIAN aux effets indésirables très rares (c’est-à-dire pouvant affecter jusqu’à 1 personne sur 10 000) du sémaglutide.

Une autre étude américaine2 a analysé rétrospectivement 185 066 patients diabétiques avec un taux récent d’hémoglobine HbA1c ≥ 6,5 % dans la base de données TriNetX), entre janvier 2015 et septembre 2022. Les cas étaient traités avec un aGLP- 1, contrairement à la cohorte appariée de 185 066 témoins. Un sous-groupe (N = 32 695) de patients atteint de rétinopathie diabétique préexistante a été constitué. Après un suivi de deux ans, les résultats indiquaient une incidence légèrement plus élevée de rétinopathie diabétique chez les cas traités (HR = 1,07 ; 95 % CI, 1,03 - 1,11). Aucune différence significative entre les cas et les témoins n’a été observée quant au risque de NAION (HR = 1,26 ; 95 % CI, 0,94 - 1,70). Cependant, le sous-groupe atteint de rétinopathie diabétique préexistante était associé à une survenue plus faible d’hémorragie du vitré (HR = 0,74 ; 95 % CI, 0,68 - 0,80), de glaucome néovasculaire (HR = 0,78 ; 95 % CI, 0,68 - 0,88), et de cécité (HR = 0,77 ; 95 % CI, 0,73 - 0,82).

L’augmentation du risque de complications ophtalmiques identifié dans les deux études est toutefois faible et des recherches complémentaires sont nécessaires pour approfondir ces observations. Ces travaux soulignent l’importance du suivi des patients diabétiques traités par a-GLP1 pour détecter de potentielles complications ophtalmiques.

Références
1. Wang L, Volkow ND, Kaelber DC, et al. Semaglutide or Tirzepatide and Optic Nerve and Visual Pathway Disorders in Type 2 Diabetes. JAMA Netw Open 2025;8(8):e2526327.
2. Ramsey SJ, Makwana B, Dani SS, et al. GLP-1 Receptor Agonists and Sight-Threatening Ophthalmic Complications in Patients With Type 2 Diabetes.  JAMA Netw Open 2025;8(8):e2526321.
Pour en savoir plus : 
Mallordy F. Effets indésirables graves ophtalmologiques du sémaglutide : verdict de l’EMA.  Rev Prat (en ligne) 10 juin 2025.
Mallordy F. Effet yoyo après l’arrêt des aGLP- 1 ? Rev Prat (en ligne) 28 août 2025.
Martin Agudelo L. Analogues du GLP- 1 dans l’obésité : désormais, tout médecin peut les prescrire !  Rev Prat (en ligne) 20 juin 2025.
Mallordy F, Nobile C. Perte de poids : le tirzépatide fait mieux que le sémaglutide.  Rev Prat (en ligne) 29 août 2024.

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