Les études sur les bénéfices d’une alimentation méditerranéenne sur le déclin cognitif s’accumulent. En particulier, le régime MIND (Mediterranean-DASH intervention for neurodegenerative delay) a été spécifiquement conçu par des chercheurs de l’Université Rush à Chicago (États-Unis) pour protéger la santé du cerveau et prévenir le déclin cognitif et la maladie d’Alzheimer.1 Par rapport au régime méditerranéen classique, ce dernier met l’accent sur les légumes à feuilles vertes (à consommer au moins 6 fois/semaine) et les fruits rouges (myrtilles, fraises…) [au moins 2 fois/semaine], riches en antioxydants et en flavonoïdes – des composés dont d’autres travaux semblent montrer des bénéfices pour la santé.2
Des chercheurs chinois ont comparé les effets neuroprotecteurs des régimes MIND et méditerranéen sur une cohorte de 1 500 participants de 50 à 75 ans (âge moyen ± écart-type = 64,6 ± 7,4 ans, 42 % de femmes), incluant 750 individus sains et 750 personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Les deux groupes avaient un niveau d’éducation similaire, un âge et un sex-ratio analogues, ainsi qu’un degré équivalent d’adhérence aux deux régimes à l’inclusion.
Les chercheurs ont calculé le score d’adhérence initial aux régimes méditerranéen et MIND de chaque personne sur une échelle de 4 à 15 grâce à un questionnaire comportant une autodéclaration des apports alimentaires sur 12 mois et sur les dernières 24 h. Les fonctions cognitives ont aussi été évaluées à l’inclusion, via le score Mini mental state examination (MMSE) et l’évaluation cognitive de Montréal (MoCA). Enfin, les chercheurs ont mesuré divers biomarqueurs (bêta amyloïde, tau, neurofilaments à chaîne légère [NfL], polyphénols, oméga- 3, vitamines B, CRP et IL- 6) dans le sang et/ou le liquide céphalorachidien.
Conseils diététiques personnalisés
Les participants ont reçu des recommandations diététiques personnalisées selon qu’ils portaient ou non l’allèle ε4 du gène APOE, facteur de risque connu de la maladie d’Alzheimer.3 Les porteurs de l’allèle ε4 ont reçu comme conseil de consommer davantage d’aliments riches en oméga- 3 (poissons gras…), en antioxydants (légumes à feuilles vertes, fruits rouges) et en polyphénols (huile d’olive, fruits à coque, curcuma). Les non porteurs ont été encouragés à suivre les principes des régimes méditerranéen et MIND, sans plus de précisions.
Ensuite, les chercheurs ont suivi cette cohorte pendant 5 ans, de janvier 2020 à décembre 2024. Tous les 6 mois, les participants renseignaient leur alimentation via une application ; à partir de ces données, une IA a analysé leur adhérence aux deux régimes. En outre, les fonctions cognitives ont été évaluées ainsi que les biomarqueurs précédemment cités.
Un bénéfice sur les fonctions cognitives
Au bout de 5 ans, les scores MMSE et MoCA des patients Alzheimer diminuaient respectivement d’environ 5,0 et 5,1 points, tandis qu’ils baissent tous deux d’environ 1,5 points pour les sujets sains – sachant qu’un changement de ces scores est considéré comme cliniquement significatif à partir de 3 points de différence.
Les participants qui adhéraient le plus aux alimentations méditerranéenne et MIND montraient un déclin cognitif plus lent. Ainsi, les sujets les plus observants du régime méditerranéen montraient une diminution du score MMSE et MoCA respectivement de 2,6 et 2,7 points, versus une baisse de 3,9 et 4,0 points chez ceux dont l’adhérence était la plus faible. De même, les participants suivant le plus fidèlement le régime MIND montraient une diminution de 2,8 points aux deux tests, comparativement à une baisse de 3,7 et 3,9 points dans le groupe à faible adhérence.
Concernant les biomarqueurs, les participants ayant une forte adhérence aux alimentations MIND et méditerranéenne avaient des taux plus faibles en bêta amyloïdes, protéines tau et NfL.
Les auteurs ont réalisé une régression linéaire multiple des scores MMSE et MoCA en fonction des scores d’adhérence aux régimes méditerranéenne et MIND, en ajustant les analyses sur plusieurs facteurs de confusion (âge, niveau d’éducation, sexe, présence de l’allèle ε4 du gène APOE). Les scores d’adhérence étaient associés de façon indépendante à de meilleures performances cognitives : augmentation de 0,33 point du MMSE et de 0,31 point du MoCA avec l’augmentation du score d’adhérence au régime MIND ; élévation de 0,11 point du MMSE et de 0,13 point pour le MoCA avec l’augmentation du score d’adhérence au régime méditerranéen. L’âge et le fait d’être porteur de l’allèle ε4 étaient associés à de moins bonnes performances cognitives, alors que le niveau d’éducation était positivement associé à ces scores.
Ainsi, après 5 ans de suivi, les chercheurs concluent que ces deux régimes sont associés avec un ralentissement significatif du déclin cognitif, avec un bénéfice légèrement supérieur pour le régime MIND.
Remerciements au Dr Marion Lévy de la Fondation Vaincre Alzheimer et au Dr Maude Wagner du Rush Alzheimer’s Disease Center (Chicago, États-Unis) pour leurs éclairages et la contextualisation de l’étude présentée (elles n’ont pas participé à cette dernière).
Références :
1. Marion Lévy. Le régime MIND protège-t-il du déclin cognitif ? Fondation Vaincre Alzheimer 21 août 2025.
2. Leduc C. Diversifier les apports en flavonoïdes pour vivre plus longtemps ? Rev Prat (en ligne) 31 juillet 2025.
3. Nobile C. Comment dépister et prévenir la maladie d’Alzheimer ? Rev Prat (en ligne) 12 septembre 2025.