Une femme de 56 ans consulte pour un placard œdémateux, érythémateux et prurigineux localisé au niveau du genou droit, surmonté de lésions vésiculeuses et bulleuses à contenu clair (figure) et accompagné d’une sensation de cuisson. Cette éruption fait suite à l’application locale d’huile d’argan pure, huit heures auparavant, à visée anti-inflammatoire. La patiente n’a pas d’antécédent pathologique notable, notamment aucune atopie personnelle ou familiale  ; en revanche, elle est suivie pour une arthrose du genou droit et sous traitement symptomatique (antalgiques et anti-inflammatoires par voie orale à la demande) depuis trois ans.
L’examen clinique révèle une éruption, bien délimitée et localisée à la zone d’application, située sur la face antérieure du genou.
Devant l’aspect clinique typique et le contexte, le diagnostic de dermatite de contact allergique à l’huile d’argan est retenu. Les tests allergologiques, faute de moyens, n’ont pas été réalisés.
La prise en charge a consisté en des soins locaux et dermocorticoïdes pendant dix jours, permettant une régression complète des lésions. Une éducation thérapeutique a été effectuée en parallèle, avec éviction définitive de l’huile d’argan et mise en garde contre toute nouvelle application cutanée.

La dermatite de contact allergique à l’huile d’argan, bien que rare, est possible du fait de sa large utilisation pour ses propriétés cosmétiques et médicinales. Ce cas illustre une dermatite de contact allergique survenue rapidement après l’application locale, avec un tableau clinique typique associant érythème, œdème, prurit et lésions bulleuses. Plusieurs composants de l’huile d’argan, notamment les polyphénols et les tocophérols, ont été incriminés dans des mécanis­mes de sensibilisation cutanée.1 

Le diagnostic s’appuie principa­lement sur la clinique, bien que les tests épicutanés (prick tests) puissent confirmer l’allergène en cause.2 

La prise en charge repose sur l’éviction de l’agent responsable et un traitement symptomatique, incluant les dermocorticoïdes, permettant généralement une évolution favorable.3 

En outre, il est essentiel de sensibiliser les patients aux risques de réactions allergiques induites par des produits dits d’origine naturelle, souvent perçus à tort comme inoffensifs. Une meilleure information des professionnels de santé et du grand public sur les effets indésirables potentiels de ces produits est nécessaire, d’autant plus que l’automédication et les pratiques issues de la médecine traditionnelle sont fréquents.

Références 
1. Boukhatem MN, Ferhat MA, Kameli A, et al. Essential oils and their potential as natural preservatives. Journal of Essential Oil Research 2015;27(1):15-22.
2. Diepgen TL, Ofenloch RF, Bruze M, et al. Prevalence of contact allergy in the general population in Europe: A systematic review and meta-analysis. Journal of Investigative Dermatology 2016;136(1):4-14.
3. Goossens A. Contact-allergy to cosmetics. Journal of the European Academy of Dermatology and Venereology 2017;31(4):660-6.

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