Après les fiches sur l’herpès génital et Trichomonas vaginalis , la HAS actualise ses recommandations sur la prise en charge en ville des infections génitales hautes et notamment sur l’antibiothérapie probabiliste des formes non compliquées.

Les infections génitales hautes (IGH) de la femme peuvent avoir une origine endogène – associées à une infection ascendante à partir de la flore vulvovaginale – ou une origine exogène, le plus souvent liée à une IST.

On en distingue deux types :

  • non compliquées : endométrites, salpingites (les deux pouvant coexister). La prise en charge hospitalière n’est pas nécessaire sauf en cas de :
    • doute diagnostique,
    • gravité des symptômes,
    • impossibilité du traitement par voie orale,
    • grossesse en cours,
    • détresse psychologique,
    • échec d’un traitement antérieur ;
  • compliquées : abcès tubo-ovariens, pelvipéritonite, plus rarement péri-hépatite ou sepsis. Elles nécessitent une prise en charge hospitalière. Risques associés : stérilité tubaire, grossesse extra-utérine, douleurs pelviennes chroniques.

Quelles causes ?

Les agents infectieux responsables sont variés et l’infection est souvent polymicrobienne :

  • Bactéries responsables d’IST : C. trachomatis (CT), N. gonorrhoeae (NG), M. genitalium (MG).
  • Bactéries aéro-anaérobies de la flore vaginale : streptocoques, staphylocoques ; entérobactéries (Escherichia coli en particulier) et autres bacilles à gram négatif.
  • Bactéries anaérobies strictes de la flore vaginale (en particulier Gardnerella vaginalis, Haemophilus influenzae) : leur rôle est discuté mais pris en compte par le traitement antibiotique.
  • Le rôle des autres mycoplasmes urogénitaux est plus discuté.

Diagnostic : clinique

Le diagnostic peut être complexe devant un tableau asymptomatique ou paucisymptomatique. Des douleurs pelviennes spontanées durant plus de 4 jours sont évocatrices ; l’examen pelvien retrouve généralement une douleur annexielle provoquée ou une douleur à la mobilisation utérine ou cervicale.

D’autres signes possibles : fièvre, leucorrhées, métrorragies, troubles du transit, dyspareunie, masse annexielle au toucher vaginal (associés ou non à un syndrome inflammatoire).

Quels examens complémentaires ?

Les prélèvements microbiologiques et le bilan sanguin peuvent confirmer le diagnostic, mais un résultat négatif ne l’exclut pas.

  • Prélèvements non chirurgicaux au niveau de l’endocol avec pose d’un spéculum pour :
    • un examen direct,
    • une mise en culture et un antibiogramme,
    • une recherche de NG, CT et MG par amplification des acides nucléiques (test TAAN).

À défaut d’examen avec pose de spéculum : rechercher NG, CT et MG par amplification des acides nucléiques sur un prélèvement vaginal.

  • Bilan sanguin pour les marqueurs de l’inflammation : CRP, leucocytes.
  • Dépistage des autres IST : VIH, hépatite C, hépatite B et syphilis.
  • Test de grossesse (exclure une grossesse intra-utérine ou ectopique).
  • L’échographie pelvienne en ambulatoire peut aider et lever un doute sur un diagnostic différentiel.

Formes simples : quelle antibiothérapie probabiliste ?

Le traitement en ambulatoire repose sur une association d’antibiotiques oraux et parentéraux. Le traitement est à débuter dès la suspicion d’IGH après la réalisation des prélèvements microbiologiques, mais sans attendre les résultats de ces derniers.

En première intention :

  • ceftriaxone 1 g par voie IM en dose unique
  • + doxycycline 100 mg 2 fois par jour per os pendant 10 jours
  • + métronidazole 500 mg 2 fois par jour per os pendant 10 jours.

En cas d’allergie documentée aux céphalosporines en l’absence de facteurs de risque d’IST (âge ≤ 25 ans, antécédent d’IST, nombre de partenaires ≥ 2 dans l’année, changement de partenaire récent, partenaire ayant une IST) :

  • ofloxacine 200 mg 2 fois par jour per os pendant 10 jours ;
  • + métronidazole 500 mg 2 fois par jour per os pendant 10 jours.

ou

  • lévofloxacine 500 mg par jour per os pendant 10 jours ;
  • + métronidazole 500 mg 2 fois par jour per os pendant 10 jours.

Les fluoroquinolones sont à réserver en dernier recours (risque d’effets indésirables et taux élevé de souches de N. gonorrhoeae résistantes aux quinolones).

En cas d’allergie documentée aux céphalosporines :

  • si facteurs de risque d’IST : avis spécialisé notamment en cas de souche de NG résistante aux fluoroquinolones ou si pas d’antibiogramme disponible ;
  • si infection documentée à M. genitalium  : avis spécialisé en particulier pour la moxifloxacine (surveillance impérative du QT, surveillance hépatique).

Suivi après la prise en charge initiale

À J3 - J5 :

  • vérifier l’évolution clinique, la tolérance et l’observance du traitement ;
  • réévaluer l’antibiothérapie après les résultats microbiologiques ;
  • prescrire la vaccination contre l’hépatite B.

Après le traitement d’une IGH associée à une IST, un prélèvement bactériologique vaginal de contrôle est recommandé 3 à 6 mois pour éliminer une infection persistante ou une réinfection.

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