Christophe, 32 ans, sans domicile fixe, se plaint de  brûlures au niveau des pieds. Il a consulté un confrère, qui a mis en évidence un enduit blanchâtre au niveau plantaire, très malodorant, avec des petites formations qui semblent ulcérées (figure), l’amenant à suspecter une mycose plantaire et donc à prescrire un traitement antifongique. Néanmoins, les lésions persistent.
Texte

La kératolyse ponctuée a été décrite pour la première fois en 1925, et portait alors le nom de « lividité symétrique des plantes ». Cette dermatose est une infection bactérienne le plus fréquemment due à Corynebacterium, bactérie Gram négatif saprophyte. Cependant, d’autres bactéries peuvent être impliquées (Kytococcus, Actinomyces et Dermatophilus). Plusieurs facteurs peuvent expliquer la survenue de la kératolyse ponctuée : diabète, âge avancé, déficit immunitaire, hyperhidrose plantaire, sujet vivant dans une zone tropicale humide, port de chaussures inadaptées, exercice sportif ou activité professionnelle particulière (cas des forces de sécurité, des marins…).

Cliniquement, on note une odeur désagréable dans 88 % des cas, des douleurs lors de la pression des pieds, et un prurit dans 10 % des cas. 

Cette affection est le plus souvent bien limitée au niveau des zones de pression (avant-pied surtout), des espaces interdigitaux et de la pulpe des orteils. Un enduit de couleur blanc-jaune est présent de façon symétrique sur les deux plantes de pied, avec un aspect parfois ridé. Il existe par ailleurs des dépressions (flèche) donnant un aspect de puits dont le diamètre n’excède pas le centimètre ; ces dépressions correspondent à une destruction parcellaire de la couche cornée (lyse de la kératine) par les protéases des bactéries.

La prise en charge est d’abord préventive : port de chaussures adaptées, lavage régulier des chaussettes, séchage minutieux des pieds après lavage. À titre curatif, des antibiotiques topiques (érythromycine, clindamycine ou mupirocine) peuvent être appliqués sur des pieds propres, durant un mois. 

Pour en savoir plus
Saurat JH, Lipsker D, Thomas L, et al. Dermatologie et infections sexuellement transmissibles. Ed. Elsevier Masson 2017.

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