On vous adresse Mme F., âgée de 52 ans, ayant un antécédent de maladie de Crohn ancienne. Elle est en rupture thérapeutique depuis quelques années, du fait de troubles psychotiques interférant avec le suivi.

Elle consulte pour une lésion de la jambe gauche évoluant depuis une semaine. Initialement apparue sous forme de papule douloureuse, la lésion s’est progressivement étendue, s’est creusée ; le centre est nécrotique.

Vous suspectez une activité de la maladie de Crohn, car la patiente rapporte 5 à 6 selles diarrhéiques par jour. Elle n’a pas de fièvre et n’a pas encore fait son bilan biologique.
Quel est votre diagnostic ?
Le contexte d’installation et le tableau clinique sont en faveur d’un pyoderma gangrenosum. Cette dermatose s’associe dans une majorité de cas à des pathologies dysimmunitaires systémiques (en première position les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin), parfois à des hémopathies. Le diagnostic différentiel infectieux ou la surinfection demeurent possibles ; dans un contexte d’urgence, il est d’usage de proposer des prélèvements infectieux et une antibiothérapie probabiliste d’épreuve ciblant les germes cutanés. Ensuite, le traitement du pyoderma gangrenosum lui-même dépendra de la situation clinique sous-jacente (corticoïdes, anti-TNF, ustékinumab…) et relève de la dermatologie spécialisée.
 
Pour en savoir plus :
Hua C, ChosidowO. Diagnostics différentiels des infections cutanées graves. Rev Prat 2023;73(2);153-5.
 
Par la Dr Jeanne De la Rochefoucauld, service de médecine interne, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris.

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