Axel, 10 ans, consulte 10 jours après avoir été piqué par une tique de grande taille au niveau du cuir chevelu, qui a été retirée précocement à l’aide d’un tire-tique.
L’examen montre une escarre jaunâtre avec un érythème fixe autour du site de morsure et de volumineuses adénopathies rétro-auriculaires et rétrocervicales. Son calendrier vaccinal est à jour. Sérologie de Lyme et prélèvements cutanés bactériologiques sont négatifs.
En l’absence d’amélioration après 2 antibiothérapies successives (amoxicilline puis amoxicilline-acide clavulanique), l’enfant est adressé pour avis spécialisé (service d’infectiologie).
Le diagnostic de syndrome TIBOLA (TIck-BOrne LymphAdenopathy) est posé.
L’azithromycine, prescrite pour 5 jours, fait régresser rapidement l’escarre et les adénopathies. Une alopécie séquellaire persiste en regard du site de morsure 2 mois après.

Discussion

Les manifestations cutanées liées aux piqûres de tiques sont un motif fréquent de consultation. Le syndrome TIBOLA, aussi appelé SENLAT (Scalp Eschar and Neck LymphAdenopathy after Tick bite), est lié à une rickettsiose, transmise par une tique du genre Dermacentor. C’est une zoonose émergente en France et en Europe, touchant surtout les femmes et les enfants. Les 2 principales bactéries en cause sont Rickettsia slovaca et R. raoultii.
En France, ce syndrome est surtout retrouvé dans le sud-est et le sud-ouest, principalement en mars-avril et octobre- novembre, correspondant à la période d’activité de ces tiques.
L’examen clinique doit rechercher la piqûre d’une grosse tique sur le cuir chevelu, associée à une escarre d’inoculation, à un érythème fixe et à des adénopathies locorégionales. Les signes généraux (fièvre +++, céphalées, douleurs abdominales, vomissements) sont inconstants. Pas de complications sévères connues à ce jour.
Le diagnostic est avant tout clinique. Le bilan peut comprendre des sérologies spécifiques des rickettsies et un écouvillonnage de l’escarre pour PCR. Ces examens ont cependant peu de sensibilité et de spécificité (s’ils sont réalisés, les prélèvements doivent être envoyés au Centre national de référence des rickettsies du CHU de Marseille).
Le traitement repose sur une antibiothérapie par doxycycline chez les adultes (200 mg/j) et les enfants de plus de 8 ans (4 mg/kg/j) pendant 7 jours. Chez les moins de 8 ans et les femmes enceintes, les macrolides de nouvelle génération (azithromycine 10 mg/kg/j durant 3 à 7 jours) sont recommandés. Ces pathogènes ont en effet une résistance naturelle aux bêtalactamines.
L’évolution est rapidement favorable sous traitement, mais une alopécie séquellaire de la zone de morsure et une asthénie peuvent persister plusieurs semaines.
Pas d’argument à l’heure actuelle pour une forme chronique.

Pour en savoir plus

– Foissac M, Socolovschi C, Raoult D. Les nouveautés sur le syndrome SENLAT : Scalp Eschar and Neck LymphAdenopathy after Tick bite. Ann Dermatol Venereol 2013;140:598-609.
– IHU Méditerranée infection. Diagnostic d’une Rickettsiose. https://bit.ly/2BeW1sk
– HAS. Recommandation de bonne pratique. Borréliose de Lyme et autres maladies vectorielles à tiques. https://bit.ly/31c8o2V

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