Actuellement en France, quatre vaccinations sont recommandées aux femmes enceintes : celles contre la coqueluche (à chaque grossesse), la grippe, le Covid et, depuis peu, le virus respiratoire syncytial (VRS) en alternative à l’immunothérapie passive du nouveau-né. La vaccination pendant la grossesse permet le passage des anticorps maternels au fœtus afin de le protéger durant la période postnatale, particulièrement vulnérable, avant que l’immunité vaccinale prenne le relais chez le nourrisson. Elle protège aussi la femme enceinte de possibles complications.
Les couvertures vaccinales sont pourtant faibles : bien qu’en hausse par rapport à 2016, celle contre la grippe était seulement de 30,4 % en 2021 (selon l’Enquête nationale périnatale). Pour le Covid, début 2022, elle était inférieure à celle des femmes du même âge qui n’étaient pas enceintes (70 %). Pour la coqueluche, le taux de vaccination, qui était faible, a fortement progressé en 2024 (72 - 73 %) seulement après l’épidémie responsable de la mort de 20 enfants de moins de 1 an en France. Quant au vaccin anti-VRS, introduit en France en septembre 2024, son taux d’adoption n’est pas encore connu.
Les motifs de non-vaccination des femmes enceintes ont été particulièrement étudiés pour la grippe. Une enquête Ipsos a retrouvé une absence de proposition par les soignants pour 40 % des femmes enceintes. Les autres motifs sont la peur d’effets défavorables pour le bébé (23,9 %), l’absence de crainte de la grippe (22 %), la méfiance envers les vaccins (21,9 %), la peur d’effets indésirables pour la femme (15,8 %).1 Pour les vaccins contre la coqueluche et le Covid, l’absence de recommandation par les professionnels de santé est également le principal facteur, les autres étant les conditions socioéconomiques et les craintes sur la sécurité des vaccins.
Ainsi, d’après l’Académie de médecine, la sensibilisation des professionnels de santé et l’amélioration de l’accès aux vaccins (disponibilité en maternité notamment) sont cruciales pour améliorer la couverture vaccinale (CV) des femmes enceintes. En effet, une revue systématique de la littérature2 a montré que trois interventions étaient efficaces pour améliorer la CV coqueluche chez la femme enceinte : la vaccination par les sages-femmes au sein de la maternité (CV 90 % vs 20 %), la présence de l’item vaccination dans le dossier médical électronique (97 % vs 48 %) et la mise en place de stratégies pour sensibiliser les professionnels de santé aux recommandations (61 % vs 36 %).
Cinq recommandations
Pour améliorer la vaccination chez la femme enceinte, l’Académie de médecine recommande :
1) D’inscrire les vaccinations dans le suivi prénatal usuel :
- en délivrant à chaque femme enceinte une information claire, harmonisée et individualisée sur les vaccins recommandés, dans le respect de leur autonomie,
- en désignant un référent vaccins dans chaque maternité,
- en réalisant des campagnes d’information et de sensibilisation ciblant les professionnels et les femmes enceintes.
Une mesure envisageable parmi d’autres : l’Assurance maladie pourrait envoyer à chaque femme enceinte, après réception de la déclaration de grossesse, des bons de vaccination avec prise en charge à 100 %, accompagnés de messages de prévention.
2) De rendre la vaccination facilement accessible à toutes les femmes enceintes, en mettant les vaccins à disposition dans des lieux diversifiés : maternités, cabinets de médecins et de sages-femmes, PMI, pharmacies.
3) De former et de mobiliser tous les professionnels de santé :
- en renforçant et en actualisant leurs connaissances sur les vaccins en cours de grossesse,
- en développant leurs aptitudes à communiquer sur la vaccination auprès des personnes réticentes,
- en favorisant leur coordination (carnet de vaccination numérique),
- en favorisant des actions dans les territoires où la couverture vaccinale est la plus faible.
4) D’analyser périodiquement l’évolution des pratiques et couvertures vaccinales ainsi que les causes de non-vaccination chez les femmes enceintes.
5) De développer la recherche sur des vaccins adaptés à la période prénatale.
Des actions déjà en cours
Santé publique France met à disposition depuis 2022 un document expliquant aux femmes les cinq bonnes raisons de se faire vacciner contre la coqueluche pendant la grossesse (encadré). Ce support, parmi d’autres, participe à l’information sur la prévention de la morbi-mortalité infantile précoce due à la coqueluche par la vaccination des femmes enceintes. Le dépliant est téléchargeable ici :
Les cinq bonnes raisons de se faire vacciner contre la coqueluche pendant la grossesse
Un vaccin utile
La vaccination de la femme enceinte protège le nouveau-né dès sa naissance contre les formes graves, jusqu’à ce qu’il soit lui-même éligible à la vaccination (à partir de 2 mois).
Un vaccin qui a fait ses preuves
La vaccination de la femme enceinte contre la coqueluche se fait depuis dix ans dans une trentaine de pays et permet de diminuer les contaminations des nourrissons de moins de 3 mois.
Un vaccin plus efficace quand il se fait pendant la grossesse
La vaccination de la mère pendant la grossesse est plus efficace pour protéger l’enfant à naître que la vaccination qui se fait avant la grossesse ou juste après l’accouchement.
Un vaccin sans danger
Les réactions sont peu fréquentes et peu graves. La revaccination à chaque grossesse est également sans danger.
Un vaccin remboursé
L’Assurance maladie rembourse le vaccin à 65 % lorsque la vaccination est réalisée avant la fin du 5e mois de grossesse et à 100 % si elle est effectuée à partir du 6e mois.
Références :
1. Santé publique France. Enquête nationale périnatale : résultats de l’édition 2021. 6 octobre 2022.
2. Mohammed H, McMillan M, Roberts CT, et al. A systematic review of interventions to improve uptake of pertussis vaccination in pregnancy. PLoS One 2019;14(3):e0214538.