C’est paru dans le NEJM : une étude randomisée portant sur plus de 20 000 participantes a évalué si une dose unique de vaccin HPV protégeait aussi bien que le schéma à deux doses.

Presque tous les cancers du col de l’utérus (95 - 100 %) sont attribuables à une infection par le papillomavirus humain (HPV). Parmi ces derniers, près des trois-quarts sont causés par un HPV à haut risque oncogène de type 16 (HPV 16) ou 18 (HPV 18), et 95 % par les 7 principaux HPV à haut risque oncogène (HPV 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58).

En prévention, la vaccination a montré son efficacité. Gardasil 9, seul vaccin préconisé en France, protège contre les 7 types oncogènes précédemment cités ainsi que contre HPV 6 et 11 (non oncogènes, mais sources de plus de 90 % des condylomes). Le schéma recommandé en France consiste à administrer 2 doses de Gardasil 9 chez les 11 - 14 ans, espacées de 5 - 13 mois (puis rattrapage recommandé jusqu’à 26 ans).

Pourtant, à l’échelle mondiale, seulement 27 % des adolescentes sont vaccinées. De plus en plus de données suggèrent qu’une seule dose fournit une bonne protection contre le HPV : un passage à ce schéma simplifié pourrait améliorer la couverture vaccinale. Cependant, la littérature manque d’éléments pour déterminer si la vaccination simple dose fournit une protection similaire à la vaccination double dose.

Quatre groupes randomisés

Afin de répondre à cette question, des scientifiques costariciens et états-uniens ont réalisé un essai randomisé dans 200 districts du Costa Rica parmi des adolescentes de 12 à 16 ans, recrutées entre novembre 2017 et février 2020 et n’ayant pas reçu de vaccination HPV (la vaccination nationale a commencé au Costa Rica en 2019, chez les filles de 10 ans).

Les participantes ont été randomisées pour recevoir un des schémas vaccinaux suivants : une dose de Gardasil 9, deux doses de Gardasil 9, une dose de Cervarix (vaccin inactivé bivalent, qui immunise contre HPV 16/18), deux doses de Cervarix. La 1re vaccination a eu lieu à l’enrôlement dans l’essai, et l’éventuelle 2e dose 6 mois après. Ensuite, les participantes ont été suivies tous les 6 mois pendant 5 ans.

Pour calculer l’efficacité vaccinale, une cohorte d’adolescentes non vaccinées du Costa Rica de la même classe d’âge a été suivie en parallèle. Le critère de jugement principal était les nouvelles infections par HPV 16 ou HPV 18 persistant 6 mois ou plus, et apparaissant entre les mois 12 et 60 du suivi dans l’étude randomisée. Ce critère a été évalué aux mois 54 et 60 du suivi parmi les groupes vaccinés, et aux mois 0 et 6 du suivi de la cohorte non vaccinée.

La marge de non-infériorité prédéfinie était de 1,25 infections/100 participantes. Cela signifie que si la différence entre les taux d’infection par HPV 16/18 après vaccination monodose ou double dose est inférieure à cette valeur, on peut conclure à la non-infériorité de la monodose par rapport à la double dose. Les analyses secondaires ont porté sur l’efficacité des vaccins contre les différents types de HPV, oncogènes ou non.

Plus de 20 000 participantes

En tout, 20 330 participantes ont été recrutées et randomisées. Après exclusion de 868 participantes (pas éligibles à la vaccination ou ne voulant pas participer), 4 880 ont reçu une dose de Cervarix, 4 880 deux doses de Cervarix, 4 851 une dose de Gardasil 9 et 4 851 deux doses de Gardasil 9. En raison de l’absence de résultats HPV exploitables ou de visites de suivi à 4,5 et 5 ans, le nombre de personnes de chaque groupe inclus dans le calcul de l’efficacité vaccinale était plus restreint – respectivement de 4 068, 4 040, 4 109 et 4 083. La cohorte d’adolescentes non vaccinées comportait 3 005 individus, dont 2 990 inclus dans les analyses d’efficacité vaccinale.

Les résultats de ces analyses sont parus le 3 décembre 2025 dans le NEJM. Elles montrent qu’une dose de vaccin HPV est non-inférieure à deux doses pour protéger contre les nouvelles infections par HPV 16/18. En effet, avec Cervarix, les chercheurs trouvent une différence de - 0,13 infections/100 participantes (IC95 % = [- 0,45 ; 0,15] ; p  0,001 pour la non-infériorité) ; pour Gardasil 9 : une différence de 0,21 infections/100 participantes ([- 0,09 ; 0,51] ; p  0,001 pour la non-infériorité).

L’efficacité vaccinale contre une néo-infection persistante à HPV 16/18 était d’au moins 97 % dans chacun des 4 groupes, sans surrisque particulier associé à la vaccination. Dans les analyses secondaires, la vaccination Gardasil 9 monodose reste non inférieure à la vaccination double dose contre les 5 autres HPV oncogènes ciblés, avec une efficacité proche de 95 %.

Les chercheurs en concluent que les vaccins Cervarix et Gardasil 9 protègent efficacement contre HPV 16 et HPV 18, et qu’une simple dose n’est pas inférieure aux deux doses en termes de protection.

« Ces résultats fournissentles preuves les plus solides à ce jour pour soutenir  la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) visant à administrer une ou deux doses de vaccin contre le HPV aux filles et aux femmes jusqu’à l’âge de 20 ans afin de prévenir le cancer du col de l’utérus. Plus de 80 pays ont désormais adopté des schémas thérapeutiques à dose unique comme stratégie principale de vaccination », note un éditorial associé publié le même jour dans le NEJM.

Références
Kreimer AR, Porras C, Liu D, et al. Noninferiority of One HPV Vaccine Dose to Two Doses.  N Engl J Med 3 décembre 2025.
Barnabas RV. Evidence to Action – Single-Dose HPV Vaccination and Cervical HPV Infection.  N Engl J Med 3 décembre 2025.
Pour en savoir plus :
Roland D, de Parades V. Vaccination contre les papillomavirus humains.  Rev Prat Med Gen 2024;38(1087):217-8.
Badoual C. HPV et cancers : parlons prévention. Rev Prat 2023;73(8):829-30.
Nobile C. Vaccination HPV entre 15 et 26 ans : 2 doses aussi efficaces que 3 (Infovac).  Rev Prat (en ligne) 14 mars 2024.
Nobile C. HPV : le rattrapage vaccinal jusqu’à 26 ans pour tous !  Rev Prat (en ligne) 13 mai 2025.

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