Les résultats de la plus vaste étude longitudinale sur les conséquences de la e-cigarette viennent d’être publiés. Ayant suivi 250 000 personnes, elle a permis d’estimer le risque de maladies pulmonaires et CV chez les vapoteurs, les fumeurs et les usagers des deux types de cigarettes, par rapport aux personnes n’ayant jamais fumé ni vapoté. 

La prévalence du vapotage augmente en France depuis une dizaine d’années. Selon les dernières données publiées par Santé publique France – s’arrêtant en 2022 –, 7 % des adultes de 18 à 75 ans déclaraient un vapotage actuel (et 6 % un usage quotidien), contre moins de 4 % en 2016. Sur la même période, la prévalence du vapotage quotidien a été multipliée par plus de 3 chez les adolescents, selon l’enquête ESCAPAD.

Connaître les effets sanitaires à long terme de la e-cigarette est important face à cette tendance. Une revue de la littérature publiée en 2024 a recensé des études cliniques ayant trouvé notamment un risque de lésions ou pathologies bronchopulmonaires ; au niveau cardiovasculaire, le risque était moins bien identifié : si des effets aigus étaient notés (élévation de la fréquence cardiaque et la PA), et des molécules potentiellement nocives pour le système cardiovasculaire observées in vitro, peu de données solides ont été identifiées sur le risque d’événements cardiovasculaires.

Aujourd’hui, les résultats de la plus grande étude longitudinale sur l’utilisation de la e-cigarette permettent d’y voir plus clair. Publiée dans la revue Nicotine and Tobacco Research, l’étude a porté sur près de 250 000 sujets (64 % de femmes ; âge moyen = 51 ans) suivis aux États-Unis pendant en moyenne 3,7 à 3,9 ans.

Quatre groupes ont été constitués : les personnes n’ayant jamais fumé ni vapoté (81,8 % de la cohorte), les personnes vapotant exclusivement (1,3 %), celles fumant exclusivement (13,6 %) et celles utilisant les deux types de cigarettes (3,3 %). L’incidence de plusieurs pathologies – HTA, diabète de type 2, BPCO, insuffisance cardiaque et pathologies athéromateuses – a été comparée entre ces groupes.

Les résultats, ajustés pour des facteurs comme l’âge, le sexe, l’ethnicité et l’IMC, révèlent que, par rapport aux personnes n’ayant jamais fumé ni vapoté, celles qui vapotaient exclusivement avaient un risque multiplié par 2,3 d’avoir une BPCO (aHR = 2,29 ; IC 95 = [1,42 ; 3,71]) pendant la durée du suivi. En revanche, l’utilisation seule de l’e-cigarette n’a pas montré d’association significative avec l’HTA (1,01 [0,83 - 1,23]) – sauf dans le sous-groupe de personnes âgées de 30 à 70 ans (1,39 [1,09 - 1,77]) –, le diabète de type 2 (0,88 [0,66 - 1,16]), les pathologies athéromateuses (1,05 [0,59 - 1,86]) ou l’insuffisance cardiaque (0,82 [0,47 - 1,41]). 

Les fumeurs de cigarettes à combustion associées ou non à l’e-cigarette avaient un risque significativement accru pour toutes les pathologies considérées. Par ailleurs, pour certaines d’entre elles (BPCO, insuffisance cardiaque, maladies athéromateuses), des sur-risques plus importants étaient constatés chez les utilisateurs des deux types de cigarettes comparés aux fumeurs exclusifs de cigarettes à combustion – le comparateur commun étant toujours les personnes n’ayant jamais fumé ni vapoté. Toutefois, les intervalles de confiance des deux groupes se chevauchant, il n’est pas possible d’en tirer des conclusions définitives. 

Ces conclusions doivent être validées par d’autres études avec un suivi plus long, étant donné que la durée relativement courte du suivi dans cette cohorte (moins de 4 ans) a peut-être empêché de déceler des effets à plus long terme.

Pour en savoir plus
Erhabor J, Yao Z, Tasdighi E, et al. E-cigarette Use and Incident Cardiometabolic Conditions in the All of Us Research Program Nicotine Tob Res 15 mars 2025.

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