Si la littérature scientifique actuelle montre qu’une alimentation riche en végétaux est liée à une réduction du risque de maladie cardiovasculaire (CV), la recherche manque de données pour distinguer le risque CV associé à différents types d’aliments d’origines végétale.
Ainsi, des chercheurs français ont séparé les différents types de régimes riches en produits végétaux en 4 catégories : équilibré avec peu ou pas de produits ultratransformés, équilibré et riche en produits ultratransformés, déséquilibré avec peu ou pas de produits ultratransformés, déséquilibré et riche en produits ultratransformés. Ils ont ensuite classé 63 835 participants de l’étude longitudinale française NutriNet-Santé selon leur appartenance à ces 4 catégories, et ont déterminé pour chacun de ces régimes le risque CV ajusté, après prise en compte de plusieurs facteurs confondants (âge, sexe, niveau d’éducation académique, statut professionnel, salaire du ménage, activité physique, IMC, taille, tabagisme, consommation d’alcool, antécédents familiaux de maladie CV, etc.).
Un risque CV majoré de 38 %
Les résultats sont parus le 6 octobre 2025 dans le Lancet Regional Health – Europe. Les sujets (76 % de femmes, âge moyen (± écart-type) = 51,4 ± 10,2 ans) ont été suivis sur une durée médiane de 9,0 ans (écart interquartile = [5 ans ; 13 ans]). Les chercheurs n’ont pas trouvé de différence significative sur le risque CV entre une alimentation équilibrée et riche en produits ultratransformés et une alimentation déséquilibrée avec peu ou pas de produits ultratransformés – un résultat qui souligne l’impact délétère du taux d’aliments ultratransformés dans le risque CV associé à un régime donné.
Les scientifiques ont observé une incidence 44 % plus faible de maladie coronarienne (hazard ratio (HR) = 0,56 ; IC 95 % = [0,42 ; 0,75] ; p-value corrigée = 0,005) et 32 % plus faible de maladies CV (HR = 0,68 ; IC 95 % = [0,53 ; 0,88] ; p-value corrigée = 0,151) parmi les 10 % de participants ayant l’alimentation la plus équilibrée et la moins transformée, par rapport aux 10 % de participants les plus éloignés de cette alimentation.
En parallèle, les 10 % de participants avec la plus haute adhérence à une alimentation végétalisée déséquilibrée et riche en produits ultratransformés avaient une incidence accrue de 46 % de maladie coronarienne (HR = 1,46 ; IC 95 % = [1,11 ; 1,93] ; p-value corrigée = 0,074) et de 38 % de maladies CV (HR = 1,38 ; IC 95 % = [1,09 ; 1,76] ; p-value corrigée = 0,151) que les 10 % de participants le plus éloigné de cette diète – c’est-à-dire consommant une alimentation plus riche en végétaux non transformés.
Pour les auteurs, ces résultats soulignent l’importance de ne pas considérer uniquement la balance entre produits animaux et produits végétaux, mais de prendre aussi en compte la qualité nutritionnelle et la proportion d’aliments ultratransformés pour évaluer l’association entre une alimentation donnée et le risque CV.
Inrae. Niveau de transformation des produits végétaux : impact sur la santé cardiovasculaire. 7 octobre 2025.
Pour en savoir plus :
Srour B, Chazelas É, Touvier M, et al. Aliments ultra-transformés : de la recherche aux recommandations. Rev Prat 2021;71(10);1107-12.
Martin Agudelo L. Les aliments ultratransformés en cause dans les allergies pédiatriques. Rev Prat (en ligne) 5 décembre 2024.
Angély C. Nouveau Nutri-Score : plus performant, il déplaît aux lobbies… Rev Prat Med Gen 2025;39(1094);60-2.
Martin Agudelo L. Microbiote intestinal : nous ne sommes pas tous égaux face aux additifs alimentaires. Rev Prat (en ligne) 11 février 2025.
Martin Agudelo L. Les aliments ultratransformés favorisent la démence. Rev Prat (en ligne) 3 mars 2023.
Cristini M, LeboulangerH. Alimentations végétariennes : accompagner les patients en bonne santé. Rev Prat Med Gen 2024;38(1083);9-10.
Mallordy F. C’est prouvé : l’alimentation végétarienne associée à un moindre risque CV et de cancer.Rev Prat (en ligne) 7 juin 2024.