Maladies vectorielles, diarrhée, pathologies « courantes », vaccinations spécifiques… Nous vous avons concocté un document actualisé selon les dernières recos sur la prévention et la prise en charge des pathologies de l’enfant voyageur, avec des ordonnances-type à télécharger, des tableaux synthétiques (vaccins, traitements), des algorithmes décisionnels, mais aussi des fiches pratiques et des documents pour les parents. Indispensable !

L’enfant est exposé à la fois à des pathologies spécifiques des régions visitées et à des maladies banales dont la gestion peut être compliquée par le contexte inhabituel du voyage. L’objectif est d’évaluer les risques de morbidité et de fournir aux parents les moyens de les réduire.

En cas d’affection chronique (allergie nécessitant un traitement préventif ou d’urgence [stylo d’adrénaline], asthme, insuffisance respiratoire, cardiaque ou rénale, drépanocytose…) et pour les nourrissons, une consultation spécialisée est nécessaire 3 mois avant le départ.

Un voyage dans un environnement extrême (haute altitude, désert, températures élevées en milieu tropical…) devrait faire l’objet d’une préparation avec l’aide de spécialistes. Il est déconseillé pour les jeunes nourrissons.

Pour donner des conseils adaptés, il faut connaître l’épidémiologie des principales maladies infectieuses dans les régions visitées, consignée dans les recommandations aux voyageurs de l’HCSP pour les principales (arboviroses comme la dengue et le chikungunya, paludisme, etc.). Des informations par pays sont aussi disponibles sur le site https ://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/

Des ordonnances-type et algorithmes décisionnels sont à télécharger dans l’encadré 1.

Vaccinations

Un voyage est l’occasion de mettre à jour le calendrier des vaccinations « universelles » (cf. calendrier vaccinal 2025) et de proposer celles spécifiques à la prévention des risques infectieux locaux. Deux d’entre elles peuvent être obligatoires et exigées au contrôle sanitaire de certaines frontières : contre la fièvre jaune et le méningocoque tétravalent. Pour rappel, cette dernière est obligatoire en France chez tous les nourrissons et jusqu’à 2 ans, depuis cette année.

La liste des pays à risque pour les différentes maladies à prévention vaccinale est disponible dans les recommandations aux voyageurs 2025 de l’HCSP.

Pour les modalités pratiques sur les vaccins du voyage, voir le tableau 1. Pour les patients drépanocytaires, consulter le pense-bête élaboré par la MCGRE.

Pathologies « courantes » du voyage : des fiches pratiques

Protection contre le soleil et la chaleur : affiche sur la photoprotection (GPTrop, groupe de pédiatrie tropicale).

Accidents de baignade et risques infectieux liés à l’eau douce ou la boue (leptospirose, bilharziose, anguillulose, ankylostomes…) :

 

Morsures, griffures, envenimations, piqûres :

 

Des fiches conseils pour les parents : expatriation et voyage itinérant, mesures d’hygiène et prévention, entre autres.

Trousse à pharmacie pour l’enfant voyageur à télécharger ici.

Maladies à transmission vectorielle

Paludisme

La protection – nécessité vitale dans les régions intertropicales où sévit P. falciparum – repose sur 4 mesures complémentaires :

  • sensibilisation des patients, sachant que les plus à risque sont les voyageurs dits « retournant au pays » ou « visiting friends and relatives » (VFR), c’est-à-dire les personnes issues des zones d’endémie (Afrique subsaharienne notamment), résidant en France et voyageant pour rendre visite à leurs proches en zone d’endémie. Il est important d’insister sur la prévention auprès de ces patients, puisqu’ils la négligent souvent, croyant (à tort) être déjà protégés contre le paludisme (v. notre vidéo « Paludisme d’importation : gare aux idées reçues ! ») ;
  • protection personnelle antivectorielle (encadré 2) dès la tombée du jour jusqu’à l’aube, période d’activité du moustique anophèle. ;
  • chimioprophylaxie en fonction du risque (encadré 3) : nourrissons et enfants < 6 ans sont toujours considérés à risque, cf. tableau 2 pour les schémas prophylactiques et encadré 1 pour télécharger les ordonnances-type ;
  • vigilance vis-à-vis de la fièvre après le retour de zone d’endémie et même après une prophylaxie adaptée et bien suivie.

Autres maladies vectorielles

Dans certaines régions, une protection personnelle antivectorielle 24 h/24 s’impose (encadré 2), en raison des autres infections transmises par des arthropodes durant la journée – dengue (en recrudescence ces dernières années), Zika, chikungunya, trypanosomiases, borrélioses, rickettsioses… – ou la nuit (virus du Nil de l’Ouest, encéphalite japonaise, leishmaniose, filariose lymphatique…).

Des vaccins sont disponibles contre certaines de ces maladies : fièvre jaune ; encéphalites à tiques et japonaise ; dengue et chikungunya depuis peu (v. recos voyageurs 2025).

Diarrhée

Pathologie la plus fréquente, elle est rarement grave mais peut se prolonger, se compliquer et perturber le séjour.

La prévention repose sur l’allaitement au sein des nourrissons, la consommation d’eau en bouteille capsulée ou d’eau bouillie 1 minute ou microfiltrée et désinfectée chimiquement par un hypochlorite (Micropur forte ou Aquatabs).

Traitement : réhydratation orale (à l’aide de solutés) et mesures diététiques (à expliquer aux parents, comme les signes de déshydratation et de gravité). Si aucun médecin n’est disponible dans les 48 h, une antibiothérapie probabiliste peut être initiée par les parents (azithromycine en 1re intention, cf. tableau 3 ; prescription préalable réservée donc aux voyages prolongés et/ou itinérants sans accès rapide aux soins). Le lopéramide est contre-indiqué avant 2 ans.

Au retour du voyage, la diarrhée est souvent sans gravité et d’évolution favorable en quelques jours. Plus rarement, d’autres tableaux nécessitent des explorations et/ou une antibiothérapie : diarrhée liquidienne grave ou persistante au-delà d’une semaine, diarrhée sanglante +/- fièvre, ou bien aqueuse, afécale (algorithmes listés dans l’encadré 1). Attention : la diarrhée fébrile doit faire évoquer systématiquement deux diagnostics différentiels urgents : accès palustre et fièvre typhoïde. Pour plus d’informations (examens complémentaires et choix de l’antibiothérapie en fonction des agents infectieux) : fiche conseils médecin – antibiothérapie de la diarrhée de retour  (GPTrop, 2020).

Encadre

Prescriptions-type et algorithmes décisionnels

Ordonnances téléchargeables et adaptables en fonction de chaque enfant

Sur le site GPTrop :

Attention : le traitement de réserve contre le paludisme n’est pas recommandé chez l’enfant qui, en cas de fièvre, doit consulter impérativement un médecin sur place dans un délai maximal de 12 heures. Toutefois, en cas de voyage complexe ou d’expatriation, la prescription d’un traitement curatif d’avance, à prendre après confirmation biologique du paludisme, permet d’éviter le risque d’acheter sur place un médicament contrefait. Les contre-indications doivent être vérifiées et les modalités de prise précisées avant le départ.

Pathologies du retour : algorithmes décisionnels diagnostiques et thérapeutiques

Encadre

Protection personnelle antivectorielle (PPAV)

Porter des habits longs, couvrants (pantalon et manches longues). Si l’imprégnation des vêtements et tissus par des insecticides pyréthrinoïdes, dont la perméthrine, n’est plus recommandée depuis 2022, le DEET et l’IR3535 peuvent être utilisés pour imprégner les vêtements.

Appliquer des répulsifs sur la peau non couverte :

  • contre-indiqués avant l’âge de 6 mois ;
  • appliquer au maximum :
    • 1 fois par jour entre 6 mois et l’âge de la marche ;
    • 2 fois par jour de l’âge de la marche à 12 ans ;
    • 3 fois par jour après 12 ans ;
  • ne pas appliquer sur les mains et le visage ;
  • chez l’enfant < 12 ans, le produit doit être appliqué par un adulte ;
  • produit et concentrations selon l’âge :
    • 6 mois à 1 an : IR3535 10 - 20 % ;
    • 1 an à 2 ans : IR3535 10 - 20 % ou DEET 10 % ;
    • 2 ans à 3 ans : IR3535 25 - 35 % ou DEET 30 - 50 % ou icaridine (= picaridine ou KBR3023) 10 - 25 % ;
    • > 3 ans : IR3535 25 - 35 % ou DEET 30 - 50 % ou icaridine (= picaridine ou KBR3023) 10 - 25 % ou huile d’Eucalyptus citriodora 10 - 30 % (à ne pas confondre avec l’huile essentielle d’eucalyptus).

Ne sont pas recommandés : bracelets anti-insectes, huiles essentielles, vitamine B1, appareils à ultrasons, rubans et papiers autocollants gluants sans insecticide, homéopathie...

Dormir sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide, après avoir lavé l’enfant avec de l’eau et du savon pour enlever les traces de répulsif.

Les mesures domiciliaires sont des mesures d’appoint (ne remplacent pas la PPAV) : climatisation, ventilation, diffuseurs électriques, serpentins fumigènes. Attention : placer un nourrisson à plus de 1 mètre d’un diffuseur électrique ; utiliser les serpentins fumigènes uniquement en extérieur. En cas d’expatriation, les moustiquaires de fenêtre et les mesures péridomiciliaires (lutte contre les gîtes larvaires) sont indispensables.

* Adapté de : GPTrop, Ordonnance prévention du paludisme chez l’enfant 

Encadre

Quand prescrire une chimioprophylaxie antipaludique (CPAP) ?

L’évaluation individuelle du risque de paludisme et de la pertinence d’une CPAP repose sur une analyse détaillée des caractéristiques du voyage (zones visitées, conditions d’habitat, type d’activités, durée et saison du séjour, etc.) et du profil du voyageur (âge, grossesse, comorbidités, interactions médicamenteuses…).

En pratique, les séjours sont classés en deux profils :

  • « conventionnel » : courte durée (< 1 mois), majoritairement en zone urbaine ou sur des sites touristiques classiques ;
  • « non conventionnel » (routards, militaires, séjour improvisé, VFR, humanitaire, chercheurs…) : durée > 1 mois, nombre élevé de nuitées en zone rurale, hébergements précaires, périple pendant la saison des pluies ou dans une région de forte transmission palustre.

Dans tous les cas, le praticien doit identifier, à partir des caractéristiques du voyage, un niveau de risque et le confronter au profil du voyageur, au risque d’effets indésirables graves des antipaludiques et au choix du patient :

  • la CPAP est toujours nécessaire en cas de risque élevé de transmission (ex : Afrique subsaharienne ; v. liste exhaustive des indications de la CPAP selon les pays dans l’annexe 4, pp. 188 - 212 des recos HCSP 2025) ;
  • si le risque d’effets indésirables graves est plus important que le risque de transmission du paludisme (dans la plupart des régions touristiques d’Asie et d’Amérique du Sud) en cas de séjours conventionnels, il est légitime de ne pas prescrire de CPAP ;
  • certains voyageurs doivent toujours être considérés à risque de paludisme grave : femmes enceintes, nourrissons et enfants de moins de 6 ans, personnes âgées, personnes infectées par le VIH, sujets aspléniques ;
  • dans les situations complexes, se référer aux centres de conseils aux voyageurs et de vaccination internationaux.

Les schémas prophylactiques et contre-indications sont listés dans le tableau 2.

Pour en savoir plus
Martin Agudelo L. Recommandations aux voyageurs : quelles nouveautés en 2025 ?  Rev Prat (en ligne) 4 juillet 2025.
Groupe de pédiatrie tropicale. Enfant voyageur. Recommandations. Mars 2022.
Nahon F, Piccoli S, Sorge F. Consultation de l’enfant voyageur.  Rev Prat Med Gen 2017;31(984):498-9.

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