La catégorie de produit cosmétique regroupe, selon le règlement européen (CE) n°1223/2009, les substances (ou mélange de substances) répondant aux critères cumulatifs suivants :
- destinées à être mis en contact seulement avec les parties superficielles du corps humain (épiderme, systèmes pileux et capillaire, ongles, lèvres, organes génitaux externes) ou avec les dents et les muqueuses buccales ;
- dont l’application a pour but principal ou exclusif de nettoyer, parfumer, modifier l’aspect, protéger ou maintenir en bon état ou corriger les odeurs corporelles (c’est-à-dire excluant toute visée thérapeutique, qui est l’apanage des médicaments et dispositifs médicaux).
Cette catégorie regroupe un grand nombre de produits : maquillage, vernis à ongles, parfums, déodorants, crèmes et laits pour la peau, teintures capillaires, mais aussi produits solaires, dentifrices, savons et shampoings... (v. figure).
Si la démonstration de l’innocuité d’un cosmétique est requise par la réglementation européenne avant sa commercialisation, et que cette dernière interdit ou restreint l’inclusion de certaines substances, cela ne veut pas dire que l’utilisation des cosmétiques est dénuée d’effets indésirables.
Quels sont les principaux effets indésirables ?
Les réactions cutanées telles que les dermatites de contact irritatives ou allergiques, voire des photodermatoses, sont au premier plan. Les parfums contenus dans les cosmétiques – qu’ils soient d’origine naturelle (dont huiles essentielles) ou synthétique – en sont souvent (mais pas uniquement) à l’origine.
Toutefois, des effets indésirables systémiques, potentiellement graves, sont aussi possibles. Par exemple, l’Anses a récemment confirmé le lien entre des produits lissants pour les cheveux contenant de l’acide glyoxylique et la survenue de cas d’insuffisance rénale aiguë.
Une attention particulière doit être portée aux enfants : de nombreux produits cosmétiques ne sont pas adaptés à cette population. En effet, le règlement européen (1223/2009) s’applique à tous les produits cosmétiques, qu’ils soient destinés aux adultes ou aux enfants ; il n’existe donc pas de règlement spécifique pour ces derniers, hormis une résolution de 2012 – non contraignante – pour les produits destinés aux moins de 3 ans.
Par conséquent, l’utilisation par les enfants de produits formulés pour adultes – qui n’ont pas été conçus pour correspondre aux peaux pédiatriques, plus fragiles – peut engendrer un risque accru de sensibilisation allergique et photosensibilisation, mais aussi de potentiels effets délétères sur d’autres organes par absorption cutanée ou par ingestion. La Société française de dermatologie a alerté il y a peu sur ces risques, ayant constaté une multiplication préoccupante d’instituts de soins « esthétiques » pour enfants et de pratiques semblables promues sur les réseaux sociaux…
Enfin, des défauts d’utilisation, même lorsque les produits sont conçus pour les enfants, peuvent engendrer des réactions cutanées. Par exemple, le liniment utilisé pour les bébés – que beaucoup de parents emploient en guise de crème protectrice – doit en réalité être rincé, s’agissant d’un produit semblable à un savon : le laisser sur la peau, qui plus est sous occlusion (couche), peut favoriser les dermites, au lieu de les prévenir.
Attention aux cosmétiques « maison » !
La pratique du « fait maison » (do-it-yourself , DIY) consiste à préparer soi-même un produit au lieu de l’acheter dans le commerce. De nombreuses personnes y ont recours, pour fabriquer leurs propres produits cosmétiques (et parfois aussi leurs propres lessives, voire produits désherbants), sans être forcément conscientes des risques.
Pour les cosmétiques, ces risques peuvent être liés à plusieurs raisons, rappelle l’Anses :
- utilisation non contrôlée d’ingrédients potentiellement toxiques pour la personne qui prépare et/ou qui utilise le produit (et qui sont, en général, contrôlées voire interdites dans les produits industriels) ou incorporation abusive de produits allergisants (huiles essentielles +++) ;
- dangers liés aux manipulations du processus de fabrication : dosages erronés ou imprécis ; incertitudes sur la nature exacte des ingrédients à ajouter ; mélange d’ingrédients entraînant potentiellement des réactions chimiques dangereuses ;
- absence d’information sur les contenants inadaptés aux produits DIY préparés : par exemple, un contenant sans bouchon sécurisé, anciens emballages alimentaires, récipients sans étiquette (ce qui peut causer des accidents très graves après ingestion accidentelle, surtout par les enfants) ;
- problèmes de conservation et de possible contamination microbiologique.
Dans le cadre de la cosmétovigilance, l’Anses a alerté l’année dernière sur les dangers liés à plusieurs types de préparations, par exemple cosmétiques à base d’oxyde de zinc (seuils dans les préparations DIY supérieurs aux seuils réglementaires ; toxicité pulmonaire en spray), réactions liées aux colles pour faux ongles contenant des cyanoacrylates (irritations cutanée, oculaire ou respiratoire, réactions allergiques, voire brûlures thermiques), mais aussi dangers liés à la fabrication de savons (la saponification à froid nécessite d’utiliser de l’hydroxyde de sodium ou de potassium comme base, toutes deux très alcalines et intensément corrosives, entraînant des risques de brûlure chimique, voire de cécité en cas de projection oculaire).
Quelles précautions adopter ?
Pour réduire le risque d’effets indésirables, l’Anses recommande aux consommateurs :
- de lire attentivement les étiquettes et respecter les instructions d’utilisation qui y sont indiquées : zone d’application, durée de pose, fréquence d’utilisation ; pour des produits spécifiques, comme les cires à chauffer, temps de chauffe (risque de brûlures), etc. ;
- de respecter la date de péremption et la durée de conservation après ouverture ;
- pour les personnes allergiques : bien vérifier la composition du produit pour identifier des allergènes ;
- prendre en compte les mises en garde spécifiques : par exemple, éviter d’appliquer un déodorant sur une peau irritée ou lésée, ou d’utiliser un produit sur un enfant alors que le fabricant le déconseille.
En cas d’effet indésirable :
- arrêter l’utilisation du produit ;
- consulter un médecin ou contacter un centre antipoison ;
- le déclarer sur le site du ministère de la santé : https ://signalement.social-sante.gouv.fr/.
D’après :
Vigil’Anses. Do-It-Yourself ou Don’t do it yourself : méfiez-vous de certaines recettes. Mai 2025.