Tabagisme : interactions médicamenteuses cliniquement significatives

Médicaments ou substance

Mécanisme d’interaction et effets

Interactions pharmacocinétiques

Alprazolam

Données contradictoires sur la pertinence de l’interaction pharmacocinétique.

Possible baisse des concentrations plasmatiques (jusqu’à 50 %). Demi-vie réduite (35 %)

Caféine

Métabolisme accru (induction du CYP1A2), clairance augmentée (56 %)

Taux de caféine probablement augmentés après l’arrêt du tabac

Chlorpromazine

Diminution de l’aire sous la courbe (AUC) [36 %] et des concentrations sériques (24 %)

Diminution de la sédation et hypotension possibles chez les fumeurs ; ceux-ci pourraient nécessiter des doses plus élevées

Clozapine Métabolisme accru (induction du CYP1A2), concentrations plasmatiques réduites (18 %)
FlécaïnideClairance augmentée (61 %), concentration plasmatique résiduelle réduite (25 %). Les fumeurs peuvent nécessiter un ajustement des doses
Fluvoxamine

Métabolisme accru (CYP1A2), clairance augmentée (24 %), AUC réduite (31 %), concentrations plasmatiques diminuées (32 %)

Modifications de dose non systématiques, mais les fumeurs pourraient nécessiter un ajustement

HalopéridolClairance augmentée (44 %), concentrations sériques réduites (70 %)
Héparine

Mécanisme inconnu, mais augmentation de la clairance et réduction de la demi-vie observées. Le tabac a un effet prothrombotique.

Les fumeurs pourraient nécessiter une augmentation des doses en raison d’interactions pharmacocinétiques et pharmacodynamiques

Insuline sous-cutanée

Absorption possiblement retardée par vasoconstriction périphérique. Le tabagisme pourrait libérer des substances endogènes induisant une résistance à l’insuline.

Interactions pharmacocinétiques et pharmacodynamiques probablement cliniquement non significatives, mais les fumeurs peuvent nécessiter un ajustement des doses

MexilétineClairance augmentée (25 % par oxydation et glucuronidation), demi-vie réduite (36 %)
Olanzapine

Métabolisme accru (induction du CYP1A2), clairance augmentée (98 %), concentrations sériques réduites (12 %)

Modifications de dose non systématiques, mais les fumeurs peuvent nécessiter une augmentation de la posologie

PropranololClairance augmentée (77 % via oxydation et glucuronidation)
Théophylline

Métabolisme accru (induction du CYP1A2), clairance augmentée (58–100 %), demi-vie réduite (63 %)

Surveillance des taux nécessaire si le tabac est commencé, arrêté ou modifié

Clairance accrue également avec l’exposition passive. Les doses d’entretien sont considérablement plus élevées chez les fumeurs

Antidépresseurs tricycliques (imipramine, nortriptyline)Interaction possible avec baisse des taux sanguins mais importance clinique non établie

Interactions pharmacodynamiques

Benzodiazépines (diazépam, chlordiazépoxide)Sédation et somnolence diminuées, probablement en raison de la stimulation nicotinique du système nerveux central
Bêtabloquants

Efficacité antihypertensive et de contrôle de la fréquence cardiaque réduite ; possiblement du fait de l’activation sympathique nicotinique

Les fumeurs peuvent nécessiter des doses plus élevées

Corticostéroïdes inhalés Les asthmatiques fumeurs pourraient avoir une réponse moins bonne aux corticoïdes inhalés
Contraceptifs hormonaux

Risque accru d’effets cardiovasculaires graves (AVC, infarctus, thrombose) chez les femmes qui fument et utilisent ces contraceptifs

Risque plus marqué chez les femmes de plus de 35 ans et celles fumant plus de 15 cigarettes par jour

Opioïdes 

Effet analgésique diminué ; le tabac pourrait augmenter le métabolisme des opioïdes (mécanisme inconnu)

Les fumeurs peuvent nécessiter des doses plus élevées pour lutter contre la douleur

AVC : accident vasculaire cérébral. Les interactions les plus significatives d’un point de vue clinique sont représentées dans les lignes en gras.

De nombreux types d’interactions entre le tabac et les médicaments ont été identifiés. Dans la plupart des cas, c’est la fumée de tabac – et non la nicotine – qui est responsable de ces interactions. La fumée de tabac peut interagir avec les médicaments via des mécanismes pharmacocinétiques (PK) ou pharmacodynamiques (PD). Les interactions PK affectent l’absorption, la distribution, le métabolisme ou l’élimination des autres substances. La plupart des interactions PK sont dues à l’induction des enzymes hépatiques cytochrome P450, notamment le CYP1A2. Les interactions PD concernent la réponse ou l’action attendue des médicaments. La quantité de tabac nécessaire pour avoir un effet n’a pas été établie et l’hypothèse est que tout fumeur est susceptible d’avoir le même degré d’interaction.

Source  : Kroon LA. Drug interactions with smoking. Am J Health Syst Pharm 2007 ;64(18) :1917 - 21 (ref. 9).

Repris par l’auteur avec l’aimable autorisation des régents de l’université de Californie, de l’université de Californie du Sud et de la Western University of Health Sciences.   

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