Le syndrome de Morel-Lavallée a été décrit pour la première fois en 1863 par le chirurgien français Auguste François Morel-Lavallée. Il correspond à une lésion post-traumatique des tissus mous séparant la peau et le tissu sous-cutané du fascia sous-jacent. Il résulte souvent d’un mécanisme de cisaillement entre ces tissus, secondaire à un traumatisme tangentiel souvent violent, comme une chute à ski, un accident de la voie publique à moto, la pratique d’un sport de combat. Ce phénomène induit une rupture des vaisseaux perforants et lymphatiques, créant une cavité remplie initialement de sang puis de liquide sérohématique, qui s’organise ensuite jusqu’à la formation d’une capsule fibreuse.1
Les localisations les plus fréquemment décrites sont le grand trochanter, la cuisse, le pelvis et le genou. Le syndrome de Morel-Lavallée apparaît le plus souvent dans les trois semaines suivant le traumatisme et jusqu’à plusieurs mois après.2
Cliniquement, il se manifeste par une déformation superficielle post-traumatique, douloureuse, avec un hématome en regard, mais cette déformation peut aussi être asymptomatique. Les diagnostics différentiels sont le lipome, le pseudo-lipome post-traumatique et le sarcome des tissus mous.
Le bilan d’imagerie est indispensable au diagnostic. L’échographie est un examen très performant pour le diagnostic initial. Elle permet de visualiser une collection hypo- ou anéchogène, compressible, hétérogène, avasculaire.
L’IRM est préconisée afin de catégoriser l’évolution de la collection : hyposignal T1 et hypersignal T2 à la phase aiguë, puis, au stade chronique, hypersignal T1 avec anneau périphérique cicatriciel en hyposignal T1, correspondant à la capsule fibreuse.3
Plusieurs approches thérapeutiques sont possibles, mais non consensuelles.
Pour les petites lésions, sans capsule, d’un volume de moins de 50 mL,3 le traitement conservateur est préconisé et comprend le repos sportif, la compression par bandage (efficace en l’absence de capsule et selon les localisations) et les ponctions-aspirations itératives.
L’approche chirurgicale, réservée aux lésions plus importantes, consiste en un débridement avec ou sans drainage percutané ; elle est contre-indiquée en cas d’infection profonde, de nécrose cutanée ou de fracture ouverte associée. Certains auteurs rapportent de très bons résultats avec la sclérothérapie par doxycycline injectée juste après une ponction-drainage, avec pour objectif de détruire la capsule.4,5
Un algorithme décisionnel de prise en charge (fig. 4) a été proposé par Delannoy et al.1
Concernant l’évolution, la récidive est très fréquente. Elle serait majorée en cas de non-retrait de la capsule, et selon la localisation et l’abondance de l’épanchement. Les complications sont l’infection du liquide au sein de la collection et la nécrose sous-cutanée par remaniement de la cavité.
Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêts.