Hypomélanose en gouttes

Renée, 72 ans, consulte, à la demande de sa fille, pour des lésions hypopigmentées qu’elle attribue à une mycose (figure). Nous connaissons très bien cette patiente qui s’expose depuis des années sur la plage sans aucune protection.

L’hypomélanose en gouttes ou achromie lenticulaire idiopathique est une pathologie bénigne fréquente chez les patients âgés ayant été photoexposés de manière importante.

L’origine n’est pas totalement comprise, mais elle serait associée à une anomalie des e-cadhérines des kératinocytes qui induit un défaut de captage des mélanosomes par les kératinocytes.

Dans près de 70 % des cas, cette entité affecte les patients ayant plus de 70 ans.

Elle se caractérise par des macules de couleur blanche en nombre plus ou moins important (les lésions uniques sont rares), arrondies, de taille < à 6 mm. Les contours sont assez réguliers, et ces lésions sont situées sur les zones photoexposées (bras, avant-bras, cuisses et jambes). Le nombre de macules peut augmenter avec l’avancée en âge, mais leur taille ne se modifie pas avec le temps. Ces formations peuvent être associées à des macules hyperpigmentées (lentigos actiniques).

Aucun traitement n’est préconisé pour ces lésions bénignes. On peut conseiller aux patients de les camoufler avec du maquillage. Il faut leur rappeler l’importance de se protéger du soleil.

Référence
Brown F, Crane JS. Idiopathic Guttate Hypomelanosis. 2023. In: StatPearls [Internet]. Treasure Island (FL): StatPearls Publishing.
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Maladie de Darier

Mathilde, 62 ans, consulte car elle a depuis 2 ans un placard papuleux sous son sein gauche (figure), qui a été initialement attribué à un eczéma. Elle explique que cette dermatose ne la gêne pas, sauf cet été du fait d’une sorte de macération qui dégage une odeur pestilentielle. Une biopsie est alors effectuée.

La maladie de Darier ou dyskératose folliculaire est une pathologie héréditaire peu fréquente (1/100 000 personnes). Elle est due à une anomalie génétique (gène ATP2A) qui affecte l’adhérence des cellules de l’épiderme. Cette génodermatose est transmissible suivant une mode autosomique dominant.

Elle se manifeste par des papules (aspect de verrues planes) de couleur brun-jaune regroupées en placards souvent symétriques, situées au niveau de zones où la production de sébum est importante (cou, tronc, flancs, plis). Les lésions peuvent devenir suintantes (surtout en été) et sont fréquemment prurigineuses. Au niveau unguéal, on retrouve des ongles larges, avec alternance de bandes rouges et blanches, voire une pachyonychie (épaississement du lit unguéal) ; 15 % des patients ont des manifestations au niveau des muqueuses (formations papuleuses de couleur blanche).

Le diagnostic, clinique, est confirmé par la biopsie.

La prise en charge est souvent décevante car aucun traitement curatif n’est actuellement recommandé. Cependant, certains spécialistes préconisent le recours à des rétinoïdes (acitrétine par exemple). Il est impératif de conseiller une protection solaire l’été, pour prévenir une éventuelle macération qui est parfois très malodorante.

Référence
Moulonguer I. Maladie de Darier.  Ann Dermatol Vénéréol 2011;137(11):752-4.
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Érysipèle

Hervé, 49 ans, a été piqué par un frelon sur le dos de la main il y a 48 heures. Il consulte car il a, depuis 24 heures, un œdème de la main gauche, une hyperthermie à 38 °C et des adénopathies axillaires du côté gauche. Il ressent une sensation de chaleur au niveau de cette zone, qui est très érythémateuse (figure).

L’érysipèle est une dermohypodermite, le plus souvent secondaire à un streptocoque et faisant suite à une lésion cutanée : traumatisme iatrogène (pose d’une voie veineuse), morsure par un animal, infection fongique superficielle, piqûre d’un insecte.

Classiquement, dans les 48 heures qui suivent l’effraction cutanée, des frissons et une hyperthermie apparaissent. Des lésions cutanées à type de macules érythémateuses deviennent rapidement coalescentes et forment un placard rouge vif tendu avec un aspect en peau d’orange. On observe dans certains cas des adénopathies satellites, et plus rarement une lymphangite.

Cette lésion est en général assez bien limitée (bourrelet périphérique) et le patient peut alléguer des sensations de tension ou de cuisson. La répétition de ces épisodes infectieux peut être à l’origine d’un lymphœdème responsable d’ulcères.

La prise en charge est réalisable en ambulatoire si l’observance et les conditions sociales le permettent. En l’absence de signes de gravité, on utilise l’amoxicilline (50 mg/kg/j en 3 prises pendant 7 jours [max 6 g/j]). Si allergie : clindamycine (Dalacine) 600 mg x 3/j (x 4/j si poids > 100 kg) pendant 7 jours ou pristinamycine (Pyostacine) 1 g x 3/j pendant 7 jours.

Référence
Monsel G, Pourcher V, Caumes E. Érysipèle : sus à la porte d’entrée !  Rev Prat Med Gen 2017;31(982):407-9.
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