Un patient de 69 ans, fumeur, traité pour une hypertension artérielle et une cardiopathie ischémique, consulte pour des douleurs anales évoluant depuis plusieurs semaines. L’examen révèle des ulcérations de la marge (fig. 1).
Texte
Le nicorandil est un médicament vasodilatateur, activateur des canaux potassiques, utilisé dans l’angor. Sa tolérance est globalement bonne. Cependant, il peut entraîner des ulcérations dont les localisations de prédilection sont buccales, cutanées et digestives. Au niveau digestif, ces lésions surviennent parfois tardivement après le début du traitement et plus fréquemment à des doses thérapeutiques élevées. Le mécanisme serait lié à un effet local ischémique ou cytotoxique, particulièrement dans les zones cicatricielles mal vascularisées ou sensibles aux microtraumatismes. Au niveau anal, le principal symptôme est la douleur.
À l’examen clinique, ces ulcérations ont le plus souvent des bords nets et un fond propre ; elles sont uniques dans près de 80 % des cas. Elles sont parfois creusantes, avec un risque de complication infectieuse à type de fistule (fig. 2).
Le diagnostic repose sur le contexte et l’anamnèse ainsi que sur la guérison après l’arrêt du nicorandil.
L’évolution est favorable : la cicatrisation des ulcérations survient en moyenne trente jours après l’arrêt du traitement, mais peut s’étaler sur plusieurs mois en fonction de la gravité de l’atteinte et de la dose cumulée reçue de nicorandil. La reprise du traitement est déconseillée en raison du risque élevé de récidive.
Pour en savoir plus
Toquero L, Briggs CD, Bassuini MM, et al. Anal ulceration associated with Nicorandil: Case series and review of the literature. Colorectal Dis 2006;8(8):717-20.
Babic V, Petitpain N, Guy C, et al. Nicorandil-induced ulcerations: A 10-year observational study of all cases spontaneously reported to the French pharmacovigilance network. Int Wound J 2018;15(4):508-18.
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