Livedo réticulé physiologique du nouveau-né

Inquiète, une mère consulte pour son fils âgé de 11 jours, qui a des marbrures sur les membres (figure).

Le livedo est une manifestation dermatologique en rapport avec une stase veineuse qui concerne les veinules dermiques subissant une désoxygénation. Deux formes sont classiquement décrites : la forme réticulée, constituée de mailles régulières et fermées, et la forme ramifiée, dont les mailles sont plus larges.

Chez le nouveau-né, le livedo diffus réticulé est observé dans 5 à 10 % des cas. Les mailles apparaissent fermées et fines et principalement au niveau des membres ; elles s’accentuent au froid et s’estompent en cas de forte chaleur.

Le diagnostic différentiel à évoquer est le cutis marmorata telangiectatica congenita, qui associe aux mailles classiques des placards atrophiques et ulcérés. Cette entité est associée à des anomalies ophtalmologiques et neurologiques en lien avec une macrocéphalie.

L’évolution du livedo est spontanément  favorable : il disparaît le plus souvent après quelques semaines, sans laisser de cicatrices. 

Pour en savoir plus
Balguerie X. Livedo de l’enfant. Pas à pas en pédiatrie. 2018. https://pap-pediatrie.fr/livedo-de-lenfant
0
La Revue du Praticien Médecine Générale

Gingivite chronique hypertrophique

Irène, 68 ans, consulte pour des gingivorragies évoluant depuis quelques mois. L’examen de la cavité buccale objective une hypertrophie gingivale, laquelle prédomine au niveau de la mâchoire inférieure (figure).

La gingivite chronique hypertrophique (ou hyperplasique) est une entité appartenant aux gingivopathies. Celles-ci sont secondaires à une inflammation du parodonte superficiel – qui comprend l’épithélium gingival et le tissu conjonctif sous-jacent. 

À son origine,  une infection non spécifique, due le plus souvent à un défaut d’hygiène dentaire, est retrouvée, favorisant les caries dentaires souvent non prises en charge.  Des soins dentaires mal réalisés ou une stagnation alimentaire entre les dents peuvent également être en cause. 

Cliniquement, un œdème inflammatoire est observé, centré surtout au niveau des papilles interdentaires et de la gencive marginale. On note aussi une hyperplasie réactionnelle du tissu conjonctif et du chorion. Ces phénomènes ne sont pas douloureux. L’atteinte dentaire peut être partielle ou concerner la totalité des dents. La gencive devient fragile et saigne très facilement lors d’un traumatisme mineur. Sa couleur est rouge clair au départ, puis devient plus sombre, voire violette ou bleu foncé. Il est possible, si le caractère inflammatoire est prépondérant, d’objectiver des foyers de suppuration, et parfois des pustules.

Sur le plan histologique, il existe un infiltrat inflammatoire composé de cellules lymphoplasmocytaires. Les vaisseaux sont très développés, favorisant une réparation tissulaire constante qui constitue un tissu de granulation. Une fibrose apparaît très progressivement. 

Le traitement repose avant tout sur le respect d’une bonne hygiène bucco-dentaire, mais aussi sur une prise en charge par un chirurgien-dentiste : celui-ci peut effectuer un détartrage ainsi qu’une gingivectomie, voire une destruction partielle du tissu de granulation. Enfin, il est fondamental de traiter les caries dentaires, et de prendre en compte les malpositions dentaires. 

Pour en savoir plus
Kuffer R, Lombardi T, Husson-Bui, et al. La muqueuse buccale. De la clinique au traitement. Paris: Med’com, 2009.
0
La Revue du Praticien Médecine Générale

Ecthyma gangrenosum

Marcel, 86 ans, sous chimiothérapie depuis trois mois pour une néoplasie pancréatique, est très inquiet car, depuis quelques jours, il a remarqué une lésion érythémateuse au niveau de l’une de ses tempes, qui évolue progressivement : elle est devenue bulleuse, puis croûteuse et s’est étendue de façon importante (figure).

L’ecthyma gangrenosum est une infection cutanée grave – mais rare –, due à la bactérie Pseudomonas aeruginosa. Elle survient le plus souvent sur un terrain d’immunosuppression. Les manifestations cutanées ne sont observées que dans 1 à 6 % des cas d’infection sévère à Pseudomonas aeruginosa

Sur le plan clinique, à la phase initiale, on objective des placards érythémateux. Progressivement, ces lésions augmentent de taille et deviennent ecchymotiques, puis vésiculo-bulleuses. In fine, le tableau se caractérise par des formations ulcérées nécrotiques de couleur gris-noir (aspect apparenté à celui d’une escarre), asymptomatiques le plus souvent. Les localisations possibles sont les creux axillaires, le périnée, les extrémités, les cuisses, et plus rarement la face.

Sur le plan histologique, les lésions sont celles d’une vascularite nécrosante avec prolifération bactérienne au niveau de la paroi vasculaire (adventice uniquement). Des élastases sécrétées par Pseudomonas aeruginosa sont mises en évidence au niveau des petits vaisseaux ; elles ont un pouvoir destructeur vasculaire, à l’origine d’hémorragies. 

Le traitement doit être débuté rapidement en raison du risque de décès (entre 38 et 77 % des cas pour les patients immunodéprimés, et 15 % pour les autres). Il est souvent probabiliste, et repose sur l’administration de pristinamycine per os (1 g, 3 fois/j durant 7 jours) ou céfalexine per os (2 à 4 g/j durant 7 jours). 

Pour en savoir plus
Morand A, Morand JJ. Pseudomonas aeruginosa en dermatologie. Annales de dermatologie et de vénéréologie 2017;144:666-75.
0
La Revue du Praticien Médecine Générale

Carcinome sébacé de la paupière

Jeanine, 81 ans, consulte pour une formation nodulaire de couleur blanche apparue depuis deux mois au niveau du canthus interne droit. Cette lésion, qui augmente progressivement de taille (figure, flèche bleue), la gêne lors des mouvements palpébraux. Une exérèse est réalisée.

Le carcinome sébacé de la paupière est une tumeur rare (entre 1 et 5 % des tumeurs palpébrales), observée le plus souvent chez les femmes de plus de 60 ans. Généralement agressive, elle se développe aux dépens de la glande de Meibomius, de la glande de Zeis ou de la glande sébacée de la caroncule.

Cliniquement, son aspect initial s’apparente à un chalazion ou à une blépharite. La lésion peut évoluer en s’ulcérant, prenant alors l’aspect d’un carcinome basocellulaire. Plusieurs formes cliniques sont décrites :

  • nodulaire, avec une formation sphérique souvent de couleur jaune ;
  • infiltrante, se caractérisant par un développement diffus et mal limité au niveau de l’épiderme de la paupière. Un épaississement du bord palpébral ainsi qu’une madarose (chute des cils) sont possibles.

Le diagnostic est souvent posé tardivement (diagnostic effectué en première intention dans 30 % des cas) au vu du tableau clinique initial peu spécifique.

Histologiquement, des cellules à cytoplasme vacuolisé de couleur blanche très claire et avec des noyaux hyperchromatiques de grande taille sont observées.

L’évolution se caractérise par un développement métastatique locorégional et orbitaire dans 15 à 20 % des cas, pour ce carcinome agressif.

Le traitement repose en premier lieu sur l’exérèse chirurgicale, complétée par une radiothérapie en cas d’extension locorégionale. 

Au total, tout chalazion découvert chez un patient de plus de 60 ans doit être considéré comme hautement suspect, jusqu’à preuve du contraire.

0
La Revue du Praticien Médecine Générale
S'abonner à La Revue du Praticien Médecine Générale