Dermatosis papulosa nigra

Abdelkader, 62 ans, consulte pour des lésions pigmentées apparues il y a plusieurs années au niveau du visage (figure). Leur couleur sombre l’inquiète.
Texte

La dermatosis papulosa nigra est une dermatose rencontrée principalement chez les patients d’origine africaine. Sa prévalence est souvent très élevée chez les Afro-Américains (entre 30 et 77 %). Cependant, il est également possible de l’observer chez les personnes originaires d’Asie ou d’Amérique latine. Il existe parfois une prédisposition familiale, et les femmes sont plus fréquemment atteintes. Elle apparaît le plus souvent à l’adolescence et s’accentue avec l’âge. 

Sur le plan clinique, il s’agit de formations papuleuses ou nodulaires pigmentées qui semblent posées sur le revêtement cutané. Leur base peut être pédiculée ou plane. Leur taille est variable : il peut s’agir de lésions en tête d’épingle ou en nappes. Leur pigmentation varie du gris au brun foncé, selon les patients. La kératose séborrhéique, qui répond à la même description, en est une variante ; la mutation génétique FGFR3 est retrouvée dans ces deux dermatoses. Cependant, les lésions observées dans la dermatosis papulosa nigra prédominent sur le visage (joues, région orbitaire, cou) et non sur le thorax et le tronc, comme dans la kératose séborrhéique.  

L’abstention thérapeutique est le plus souvent de mise. Toutefois, pour des raisons esthétiques, certains patients souhaitent une ablation des lésions ; dans ce cas, une exérèse tangentielle par électrocoagulation, cryothérapie ou laser CO2 est proposée. 

Pour en savoir plus
Mahé A, Faye O. Dermatologie de la diversité. Paris: Elsevier Masson, 2022. 
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Porome eccrine

Laurence, 54 ans, consulte pour une tuméfaction située au niveau de la jambe, associant une base papuleuse surmontée d’une zone kératosique (figure). Une exérèse chirurgicale élargie est effectuée.
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Le porome eccrine, tumeur bénigne rare, a été décrit initialement par Hermann Pinkus en 1956. Observé principalement chez l’adulte, il se développe à partir des glandes sudorales eccrines. Sa croissance est liée aux kératinocytes situés à proximité de la partie intraépidermique du canal sudoral. Il semble que des composants apocrines soient également associés à cette entité. 

Cliniquement, cette formation est mise en évidence dans 70 % des cas au niveau de la région plantaire et péritalonnière, mais aussi au niveau des paumes et des faces latérales des doigts. Il s’agit généralement d’une tuméfaction bourgeonnante solitaire, de couleur variable, avec une base large délimitée par un collier de kératine. Il est aussi possible d’observer des nodules avec une surface kératosique parfois ulcérée. 

Le diagnostic est posé après analyse anatomopathologique mettant en évidence des travées épithéliales anastomosées avec des éléments en faveur d’une différenciation sudorale, et des cellules arrondies de petite taille.

La prise en charge repose avant tout sur l’exérèse chirurgicale du fait du risque de transformation maligne en porocarcinome.  

Pour en savoir plus
Bouchaala M, Belhareth K, Masmoudi A, et al. Le porome eccrine. Polymorphisme clinique : à propos de 18 cas. Ann Dermatol Venereol 2019;146(12):A172.
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Endométriose du périnée

Une femme multipare de 32 ans consulte en raison d’une masse douloureuse située au niveau du périnée. L’examen clinique révèle une tuméfaction bleutée située le long d’une cicatrice d’épisiotomie (fig. 1).
Texte

La localisation anopérinéale est une atteinte rare de l’endométriose. Elle se définit par la présence de foyers ectopiques de muqueuse endométriale, fonctionnelle ou non, au niveau de l’anus et du périnée. Elle survient chez la femme en période d’activité génitale. Elle s’explique par une implantation de cellules endométriales viables dans une plaie du périnée.

Sur le plan clinique, elle se manifeste typiquement par des douleurs, une tuméfaction et/ou des saignements périnéaux rythmés par le cycle menstruel. À l’examen, elle se présente sous la forme d’un ou plusieurs nodules sous-cutanés et/ou sous-muqueux, de couleur bleue, de consistance dure, en général situés au niveau d’une cicatrice d’épisiotomie et/ou d’une déchirure obstétricale, et pouvant s’étendre à la vulve et au vagin, voire à la cloison ano-recto-vaginale. La taille est maximale en période menstruelle. En cas de doute, il est nécessaire de réexaminer les patientes à ce moment du cycle. 

Les principaux diagnostics différentiels sont le mélanome malin et diverses tumeurs anopérinéales à présentation atypique, plus rarement la thrombose hémorroïdaire externe.

L’IRM pelvipérinéale permet d’étayer le diagnostic (taille et rapports anatomiques) et de repérer d'éventuels implants endométriosiques à distance. Mais le diagnostic formel repose sur l’histologie (fig. 2). 

Le traitement est fonction de la gêne et de l’extension. Il repose notamment sur les analogues de la GnRH, les progestatifs, les œstroprogrestatifs et/ou l’exérèse chirurgicale. 

Pour en savoir plus
Odobasic A, Pasic A, Iljazovic-Latifagic E, et al. Perineal endometriosis: A case report and review of the literature. Tech Coloproctol 2010;14 Suppl 1:S25-7.
Li J, Shi Y, Zhou C, et al. Diagnosis and treatment of perineal endometriosis: Review of 17 cases. Arch Gynecol Obstet 2015;292:1295-9.
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Pityriasis rosé de Gibert

Un militaire de 24 ans est vu en consultation avant un départ en mission. Il s’agit de la visite réglementaire à effectuer dans le mois précédant un départ en opération extérieure,1 qui permet de rechercher d’éventuelles contre-indications au départ, de réaliser les vaccinations nécessaires et de délivrer des informations sanitaires sur la zone de mission.
Une éruption cutanée est constatée par l’infirmier. Il est alors orienté vers le médecin avant toute réalisation de vaccin.
Ce patient n’a ni allergie ni antécédent personnel particulier. Il ne prend aucun traitement. Sur le plan familial, on relève une maladie de Crohn chez son père ainsi qu’un psoriasis chez son frère. Il a récemment effectué un  voyage au Japon durant lequel il allègue une exposition sexuelle à risque.
Cliniquement, une éruption maculo-papuleuse centimétrique est mise en évidence au niveau des deux membres inférieurs. Elle évolue depuis un mois, et est apparue à la suite d’un exercice de six jours dans un camp militaire en Moselle. Sa progression a été ascendante, de manière symétrique, jusqu’au torse. Les lésions, non prurigineuses, sont légèrement squameuses. Aucun épisode infectieux n’a précédé l’éruption. Le patient est apyrétique et ne montre ni manifestation extracutanée, ni perte de poids, ni atteinte muqueuse ou adénopathie.
Une précédente consultation avait abouti à un traitement par kétoconazole gel en récipient unidose, sans amélioration de la symptomatologie. 
Compte tenu du tableau clinique, des éléments anamnestiques (exposition sexuelle à risque) et des antécédents familiaux (maladie de Crohn et psoriasis), le bilan biologique suivant est prescrit : hémogramme, ionogramme, urée, créatininémie, CRP, bilan hépatique, TSH, électrophorèse des protéines sériques, antigène p24, sérologies hépatites A, B, C, E, VIH 1 et 2, EBV, CMV, parvovirus B19, toxoplasmose, syphilis.2  Celui-ci ne met en évidence aucun syndrome inflammatoire biologique, de séropositivité VIH ou de séroconversion récente à EBV, syphilis ou hépatite virale. Le diagnostic de pityriasis rosé de Gibert3 est posé.
Texte

Le pityriasis rosé de Gibert est une dermatose bénigne de cause inconnue, souvent associée à une infection virale (herpèsvirus 6 et 7). Il touche principalement les jeunes adultes et se manifeste par une éruption cutanée érythémato-squameuse4 centimétrique évoluant en plusieurs phases. La maladie dure six à huit semaines, généralement sans autre symptôme, bien que des démangeaisons puissent survenir. Un traitement est rarement nécessaire, la guérison est spontanée.

Chez ce patient, les lésions ont ainsi été résolutives en quelques jours. Les vaccins initialement prévus ont pu être réalisés trois semaines plus tard, permettant un départ en mission. 

Références 
1. Décret n° 2023-736 du 8 août 2023 relatif aux compétences vaccinales des infirmiers, des pharmaciens d’officine, des infirmiers et des pharmaciens exerçant au sein des pharmacies à usage intérieur, des professionnels de santé exerçant au sein des laboratoires de biologie médicale et des étudiants en troisième cycle des études pharmaceutiques. 
2. Timsit FJ, Janier M, Vernay-Vaisse C, et al. Primary HIV infection. Ann Dermatol Venereol 2016;143(11):749-51. 
3. Villalon-Gomez JM. Pityriasis Rosea: Diagnosis and Treatment. Am Fam Physician 2018;97(1):38-44.
4. Urbina F, Das A, Sudy E. Clinical variants of pityriasis rosea. World J Clin Cases 2017;5(6):203-11. 
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