Nævus bleu cellulaire atypique

Lilian, 18 ans, consulte pour une formation bicolore apparue sur le dos de sa main (figure). 
Une exérèse est effectuée. 
Texte

Le nævus bleu est une lésion mélanique dermique bénigne à mélanocytes pigmentés. Il est le plus souvent objectivé chez l’enfant ou l’adolescent. Sa croissance est généralement lente. Le nævus bleu cellulaire atypique en est une forme spécifique identifiée sur des critères histologiques. Il est plus fréquent chez les femmes jeunes (diagnostic souvent posé avant l’âge de 20 ans). Comme les nævi bleu classiques, cette forme mélanique est objectivée au niveau de la région sacrée et de la tête. En revanche, et contrairement aux formes classiques, il est moins fréquent au niveau du dos des mains. 

 Cliniquement, la taille de la lésion varie de 1 à 4 cm. Elle peut être maculeuse, nodulaire ou en dôme. Sa couleur varie du gris-bleu au noir sombre. Des variantes peu pigmentées peuvent être observées, surtout, comme ici, en bordures. 

 Sur le plan histologique, des atypies sont constatées au niveau des noyaux cellulaires avec peu de mitoses ; quand elles sont atypiques et nombreuses, les mitoses signent fréquemment une transformation maligne. 

 La prise en charge doit être conditionnée à un seul critère : l’évolutivité de la lésion. Ainsi, lorsque le nævus se modifie, il est nécessaire d’en effectuer une exérèse chirurgicale totale (marges saines).  

Pour en savoir plus
Ribeiro Daltro L, Abdalah Freistas R, da Silva Souza C. Atypical cellular blue nevus or malignant blue nevus? An Bras Dermatol 2017;92(1):110-2. 
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La Revue du Praticien Médecine Générale

Poïkilodermie de Civatte

Marcel, 71 ans, consulte pour une dermatose de la région sous-mentonnière (figure) se caractérisant par une zone limitée hypopigmentée située au-dessus de la fourchette sternale, entourée d’une pigmentation rouge sombre ceinturant le cou et contenant de nombreux éléments nodulo-papuleux de couleur jaune ainsi que quelques télangiectasies.  
Texte

La poïkilodermie de Civatte a été décrite pour la première fois par le dermatologue français Achille Civatte en 1923. Cette entité représente 1,4 % des consultations dans les services de dermatologie ; elle concerne surtout les femmes de plus de 50 ans au phototype clair (I ou II). 

La physiopathologie est mal connue. Cependant, l’exposition solaire semble être l’un des facteurs en cause. La prédisposition génétique est également une piste, tout comme la réaction de photo-sensibilité à certaines substances chimiques et aux parfums. Enfin, une origine hormonale est envisagée par certains auteurs.

Cliniquement, les lésions apparaissent centrées entre le cou et la partie supérieure du thorax. Il s’agit le plus souvent de troubles pigmentaires, la peau prenant une couleur rouge-brun. Cette pigmentation est associée à des anomalies vasculaires dans 58 % des cas (dilatation des vaisseaux à type de télangiectasies), généralement disposées en « V » à partir du cou. Une proéminence des follicules pileux est également possible. Dans 46  % des cas peuvent s’y associer prurit, sensation de cuisson et flush. 

Histologiquement, une réduction de l’épaisseur de l’épiderme ainsi qu’une atrophie cutanée sont observées. Il existe une élastose et une réduction des fibres de collagène au niveau du derme, manifestations secondaires à l’exposition aux ultraviolets.

Le traitement repose en premier lieu sur la protection solaire. En cas de gêne esthétique, il est possible de recourir à la lumière pulsée. 

Pour en savoir plus
Tierney EP, Hanke CW. Treatment of poïkiloderma of Civatte with ablative fractional laser resurfacing: prospective study and review of the literature. J Drugs Dermatol 2009;8(6):527-34.
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Dermatose plantaire juvénile

Albin, 10 ans, consulte pour des squames épaisses et des fissures au niveau de la partie antérieure de la plante des deux pieds, évoluant depuis quelques années (figure). Ces lésions ayant été attribuées à une mycose, différents traitements antifongiques ont été tentés par le passé. 
Texte

La dermatose plantaire juvénile, ou dermatitis plantaris sicca, est une pulpite sèche de l’avant-pied et concerne surtout les enfants âgés de 3 à 14 ans, avec un pic de fréquence entre 3 et 6 ans.

Différentes hypothèses physiopathologiques existent pour expliquer la survenue de cette entité : certains mettent en cause un terrain atopique, d’autres évoquent un excès d’humidification des pieds avec un séchage trop rapide, une hyperhidrose ou la responsabilité de changements climatiques et de facteurs génétiques.

Cliniquement, la dermatose plantaire juvénile se caractérise par la triade érythème, hyperkératose et fissures. L’atteinte est toujours bilatérale. Initialement, un érythème avec un aspect brillant est observé au niveau du tiers antérieur de la plante des deux pieds. Dans un second temps, des placards érythémateux se forment, desquament, puis se fissurent. 

Au niveau anatomopathologique, on note une hyperplasie épidermique, une ortho- et parakératose mais aussi une spongiose qui concerne les ostiums sudoripares. 

La prise en charge est souvent complexe et décevante : elle repose principalement sur le séchage soigneux des pieds. Le recours à des chaussures adaptées est également préconisé afin d’éviter la transpiration, ainsi que le port de chaussettes épaisses et absorbantes. Il peut être également utile d’appliquer des pommades occlusives ou des dermocorticoïdes de faible activité sur les zones atteintes.  

Pour en savoir plus
Rasner CJ, Kullberg SA, Pearson DR, et al. Diagnosis and Management of Plantar Dermatoses. Journal of the American Board of Family Medicine 2022;35(2):435-42. 
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Myiases

Alphonse, 54 ans, est gêné par une éruption cutanée sur le genou, qu’il a prise pour un furoncle et qu’il traite depuis trois semaines par application d’un antiseptique local à base de chlorhexidine. En l’absence d’amélioration et en raison d’une douleur persistante et d’un prurit, il décide de consulter. À l’interrogatoire, il précise qu’un mois auparavant il a effectué un séjour de deux semaines au Costa Rica. 
L’examen met en évidence une éruption cutanée érythémateuse papulo-nodulaire avec un orifice circulaire central (figure) laissant passer par intermittence un exsudat jaune verdâtre, sans autre symptôme. 
Une biopsie est décidée et retrouve la présence d’un ver responsable d’une myiase, en l’occurrence une infection à Dermatobia hominis. Il convient de rassurer le patient sur son caractère bénin.
Texte

Les myiases sont des maladies dues au développement de larves de mouche sous la peau. On distingue le ver de Cayor (Cordylobia anthropophaga) qui sévit en Afrique de l’Ouest du ver macaque d’Amérique latine (Dermatobia hominis), présent du sud du Mexique au nord de l’Argentine.

Le cycle infectieux débute par le dépôt de leurs œufs par des mouches sur l’abdomen de moustiques, qui les transfèrent à leur tour sur la peau humaine au moment de la piqûre. L’éclosion se produit au contact de la chaleur de la peau. Les larves pénètrent ensuite la barrière épidermique de façon indolore. Le stade larvaire dure de quatre à douze semaines et le ver peut atteindre 2 cm de long. À maturité, la larve sort du furoncle et tombe au sol. Après deux à trois semaines, elle se métamorphose en mouche, prête à recommencer le cycle.

Le traitement est d’abord préventif, en se protégeant des mouches et en évitant de faire sécher son linge à l’extérieur – la mouche pouvant pondre directement dessus. En curatif, il est conseillé de laisser la larve sortir d’elle-même. Si sa localisation est gênante, l’extraction par aspiration à l’aide d’une seringue adaptée peut également être envisagée. Enfin, l’exérèse chirurgicale sous anesthésie locale peut être proposée. 

Pour en savoir plus 
Clyti E, Pages F, Pradinaud R. Le point sur Dermatobia hominis : myiase « furonculeuse » d’Amérique du Sud. Med Trop 2008;28:7-10.
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La Revue du Praticien Médecine Générale
La version numérique de cet article a été corrigée le 29 avril 2024.
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