Migraine : faut-il consommer du café ou non ?
C’est une question souvent posée par les patients.
Les liens entre la consommation de café et les migraines sont ambivalents, puisque la caféine peut avoir à la fois des effets déclencheurs et protecteurs, voire thérapeutiques. Que disent les études ?
La consommation trop fréquente et/ou importante de caféine est associée à un risque accru de migraine, selon certaines études observationnelles. Par exemple, une étude transversale sur la cohorte américaine NHANES, menée sur près de 9 000 personnes, a trouvé que la prévalence des céphalées sévères et des migraines était 42 % plus élevée chez les personnes consommant plus de 400 mg/jour de caféine, par rapport à celles en consommant moins de 40 mg/j (pour référence : un espresso de 30 mL contient environ 60 mg de caféine ; un café filtre de 250 mL, environ 100 mg). Plus récemment, une autre étude transversale sur la même cohorte (N = 5 234) a suggéré que, jusqu’à un seuil de 98 mg/j, l’augmentation de l’ingestion de caféine est associée à un risque accru de migraine ou céphalées sévères.
De plus, l’efficacité des traitements antimigraineuxserait améliorée par la suppression de la consommation de caféine, selon d’autres études, ce qui serait en faveur d’un effet délétère de la caféine. Des mécanismes indirects (troubles du sommeil ou déshydratation induits par la caféine) expliqueraient, en partie, cet effet nocif ; des mécanismes directs pourraient également être en jeu, mais ne sont pas complètement élucidés.
Néanmoins, la caféine peut aussi avoir un effet bénéfique. D’une part, l’ajout de caféine dans les antalgiques améliore en effet l’efficacité du traitement de la crise migraineuse. D’autre part, unerelation inverse entre la consommation modérée de café et le risque de migraine – c’est-à-dire un rôle potentiellement protecteur – a aussi été suggéré, notamment par une étude récente utilisant la randomisation mendélienne, une méthodologie plus à même d’établir des liens causaux ; à l’inverse, une consommation dépassant les 400 mg/j était associée à un risque accru de migraine, un résultat cohérent avec ceux d’études épidémiologiques précédentes. Enfin, des cas de survenue ou d’aggravation des migraines liés à un sevrage de la caféine ont aussi été rapportés, chez des patients en consommant régulièrement – soulignant alors indirectement l’importance d’une consommation modérée.
Ainsi, en raison des effets ambivalents de la caféine sur la migraine et au vu des données disponibles, il ne semble pas raisonnable de recommander l’arrêt de la caféine à tous les patients migraineux. Ces derniers doivent toutefois être informés des risques liés à une ingestion excessive ou aux variations importantes (un sevrage brutal pouvant déclencher des crises). Une consommation modérée (< 200 mg/j) et constante semble alors raisonnable pour les patients ne souhaitant pas se priver de boissons caféinées.
 
Pour en savoir plus :
Zduńska A, Cegielska J, Zduński S, et al. Caffeine for Headaches: Helpful or Harmful? A Brief Review of the Literature.  Nutrients 2023;15(14):3170.
Alstadhaug KB, Andreou AP. Caffeine and Primary (Migraine) Headaches-Friend or Foe?  Front Neurol 2019;10:1275.
Nowaczewska M, Wiciński M, Wiciński M. The Ambiguous Role of Caffeine in Migraine Headache: From Trigger to TreatmentNutrients 2020;12(8);2259.
Zhang L, Yin J, Li J, et al. Association between dietary caffeine intake and severe headache or migraine in US adults.  Sci Rep 2023;13;10220(2023).
Liao Z, Lin A, Zeng J, et al. The S-shaped association between dietary caffeine intake and severe headache or migraine: a cross-sectional study based on NHANESFront Neurol 14 mai 2025.
Chen A, Gao L, Chen L, et al. Investigating the causal association between coffee and migraine using Mendelian randomization analysis.  Neurol Res 20 avril 2025.

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