Mme J., 24 ans, est amenée à votre consultation d’urgence par son mari. Elle apparaît anxieuse et agitée. Elle a accouché d’une petite fille il y a sept jours, premier enfant du couple. La grossesse et l’accouchement se sont déroulés sans problème. Le mari évoque toutefois un changement depuis quelques jours : « Elle paraît abattue, un peu perdue, ça lui arrive parfois, oui, peut-être, elle est un peu changeante dans son humeur, mais là, ça dépasse tout ce que j’ai déjà vu ! »

Lorsque vous la rencontrez, Mme J. a un débit verbal accéléré. Elle vous dit, exaltée : « Mon bébé n’est pas mon bébé, on l’a échangé à la maternité, j’ai eu un petit garçon, pas une fille ! Je sais bien ce que je dis, enfin ! »

Elle s’interrompt puis reprend, en pleurant : « Il est mort, il va mourir… On veut tuer mon bébé ! »

Elle a arrêté d’allaiter et ne donne pas le biberon de façon régulière ; elle ne connaît pas la date du jour et n’a pas d’idée très précise de l’endroit où elle se trouve.
Question 1 – Quel est votre diagnostic ?
Épisode psychotique du post-partum.
Question 2 – Décrivez la sémiologie de l’observation.
• Idées délirantes : les mécanismes sont polymorphes et les thématiques centrées sur la grossesse, la naissance, le bébé ou le couple.
• Comportement désorganisé.
• Symptômes cognitifs (désorientation, confusion, déréalisation et dépersonnalisation).
• Apparition à J7, soit entre 3 et 10 jours, chez une primipare.
Question 3 – Quels sont les diagnostics différentiels ?
• Causes somatiques : thrombophlébite cérébrale, rétention placentaire, infections (par exemple, endométrite).
• Causes psychiatriques : intoxication par une substance psychoactive (alcool, médicaments).
Question 4 – Quelle est votre attitude ?
• Attitude calme.
• Sécuriser l’environnement, en confiant l’enfant au père et le faisant sortir de la chambre avec l’enfant le temps de l’évaluation et après l’avoir interrogé pour recueillir des éléments complémentaires d’anamnèse.
• Réassurance.
• Évaluer le risque de suicide et d’infanticide par un interrogatoire précis.
• Éliminer les diagnostics différentiels (thrombophlébite cérébrale, rétention placentaire, infections et intoxications par une substance psychoactive), grâce à un examen physique complet et à la prescription d’examens complémentaires selon les points d’appel.
Question 5 – Quels sont les principes du traitement immédiat ?
• Hospitalisation en secteur psychiatrique (probables soins sous contrainte) avec séparation mère/enfant probablement nécessaire ou hospitalisation en unité mère/bébé – si l’infrastructure des établissements de santé le permet – avec séparation initiale.
• Prescription médicamenteuse de lithium en monothérapie ou antipsychotiques +/- anxiolyse par benzodiazépines.
Question 6 – Quelles sont les évolutions possibles de ce trouble ?
L’évolution est résolutive, sans séquelles, en quelques semaines à quelques mois, dans 20 à 50 % des cas.
Il peut s’agir également de l’expression d’un trouble de l’humeur bipolaire avec des épisodes non périnataux (dans 50 à 80 % des cas).
 
Retrouvez l’item lié à ce quiz ici : Le Nerzé T. Item 69. Troubles psychiques de la grossesse et du post-partum.  Rev Prat 2024;74(10);1137-44.

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