Vous recevez en consultation une femme de 50 ans, ayant pour antécédent une maladie de Basedow avec orbitopathie.

À l’examen : plusieurs placards érythémateux avec quelques nodules asymptomatiques et hyperhidrose localisée.
Quel est votre diagnostic ?
La dermohypodermite bactérienne non nécrosante (DHBNN) est une infection aiguë de la peau et du tissu sous-cutané, généralement causée par des bactéries comme Streptococcus bêtahémolytique du groupe A ou Staphylococcus aureus. Elle est le plus souvent unilatérale avec porte d’entrée cutanée et se manifeste par : érythème, œdème, augmentation de la chaleur cutanée locale et fièvre. Contrairement aux formes nécrosantes, elle ne provoque pas de destruction tissulaire. Un traitement rapide par antibiotiques permet d’éviter les complications.
Il s’agit d’un myxœdème prétibial. Voir explications ci-dessous.
Le lymphœdème des membres inférieurs est un œdème causé par une accumulation de liquide lymphatique dans les tissus. Il résulte d’une obstruction ou d’un dysfonctionnement du système lymphatique, pouvant être congénital (primaire) ou secondaire à une infection, une chirurgie ou un cancer. Les symptômes incluent un œdème persistant, une sensation de lourdeur et une peau épaissie. La prise en charge repose sur la compression, le drainage lymphatique manuel et des soins cutanés pour prévenir les complications.
La sarcoïdose est une granulomatose systémique diffuse, se manifestant par des lésions papuleuses, nodulaires ou des plaques. Elle est associée à des signes extracutanés dans la plupart des cas. Une biopsie cutanée permet de poser le diagnostic avant d’envisager un bilan complémentaire à la recherche d’atteintes systémiques.
La lésion élémentaire de l’eczéma est une vésicule sur fond inflammatoire érythémateux. Un prurit est associé et parfois une lichénification secondaire.
Le myxœdème prétibial est une forme localisée de mucinose dermique, manifestation rare de thyroïdite auto-immune (Basedow notamment). Il apparaît souvent un an après le début de l’exophtalmie, les anticorps TRAKS sont élevés. Il est également possible chez le patient euthyroïdien ou hypothyroïdien.
Il se manifeste par des plaques circonscrites d’épaississement cutané dans les régions prétibiales (atteinte bilatérale et symétrique), associées à une hyperhidrose, une hyperkératose, une dilatation orifices pileux, un aspect de peau d’orange, mais il est souvent asymptomatique (prurit et douleur possibles). La biopsie cutanée n’est pas systématique (réalisée si maladie thyroïdienne connue). Une régression spontanée est possible et lente. L’évolution est indépendante de la maladie thyroïdienne.
Son traitement est difficile : abstention thérapeutique si forme limitée non invalidante ; dans les autres cas, on peut proposer des dermocorticoïdes ou corticoïdes intralésionnels.
 
Par le Dr Maud Pellant, interne en dermatologie au CH de Quimper, le Dr Anne-Laure Messagier, PH au CH de Quimper, et le Dr Claire Jacquin-Porretaz, dermatologue libérale.
 
Pour en savoir plus :
Vignes S, Essig M. Œdèmes des membres inférieurs localisés ou généralisés. Rev Prat 2024,74(3);333-41.
Proust-Lemoine E, Wémeau J-L. Hyperthyroïdie.  Rev Prat 2020,70(2);e47-55.
 
Plus d’infos sur https://dermagic.fr, le site d’aide à la pratique de la dermatologie réservé aux professionnels de santé.

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